Chez Tomás Prieto de la Cal, les choses sont assez claires : les toros et novillos sont d’un côté de la finca « La Ruiza », les vaches et les petits nés dans l’année d’un autre. Un chemin communal jabonero sépare le tout, que la commune, sans raison d’après Tomás, n’entretient pas et qui oblige un vaquero de la maison à passer sa journée à déplacer une manade de bœufs berrendos en negros chargés, pour leur plus grande joie — les bœufs sont-ils parfois en joie ? —, de brouter tous les feuillages qui encombrent le passage et risqueraient d’être de trop faciles proies pour les feux de l’été. Depuis des années, chez Tomás Prieto de la Cal, les choses restent assez claires : on conserve un ou deux lots de toros (quand tout va bien) et trois ou quatre lots de novillos, moins armés, moins harmonieux, plus desiguales.
Pour rendre les choses encore plus claires, l’élevage tourne en vase clos, sur lui-même donc, car il lui est impossible de rafraîchir un sang unique que les livres taurins donnent comme descendant direct de la manade du Duque de Veragua. Tomás Prieto de la Cal n’affiche pas une confiance effrénée en certains de ses collègues arborant ce même pavillon Veragua. Seraient-ils des pirates que ça ne l’étonnerait pas. C’est son opinion, et il l’assume sans détour : « Prieto de la Cal est le seul élevage Veragua actuellement ! »
Rafraîchir le sang revient donc à se faire des nœuds de cerveau sur une aporie que connaissent d’autres grands noms de la cabaña brava : Miura, Cuadri, Concha y Sierra, pour ne citer que les plus connus. Comme eux, Tomás Prieto de la Cal est contraint de croiser les familles à l’intérieur même de la ganadería : mettre ce semental sur ces vaches-là, car ils sont génétiquement éloignés. On ne lutte pas contre la consanguinité, on la maîtrise, on la torée et on tente de conduire sa charge pour qu’elle ne soit ni trop violente ni trop fade à la sortie. C’est le toreo de l’inconnu et du temps long.
Pour rendre les choses encore plus claires, l’élevage tourne en vase clos, sur lui-même donc, car il lui est impossible de rafraîchir un sang unique que les livres taurins donnent comme descendant direct de la manade du Duque de Veragua. Tomás Prieto de la Cal n’affiche pas une confiance effrénée en certains de ses collègues arborant ce même pavillon Veragua. Seraient-ils des pirates que ça ne l’étonnerait pas. C’est son opinion, et il l’assume sans détour : « Prieto de la Cal est le seul élevage Veragua actuellement ! »
Rafraîchir le sang revient donc à se faire des nœuds de cerveau sur une aporie que connaissent d’autres grands noms de la cabaña brava : Miura, Cuadri, Concha y Sierra, pour ne citer que les plus connus. Comme eux, Tomás Prieto de la Cal est contraint de croiser les familles à l’intérieur même de la ganadería : mettre ce semental sur ces vaches-là, car ils sont génétiquement éloignés. On ne lutte pas contre la consanguinité, on la maîtrise, on la torée et on tente de conduire sa charge pour qu’elle ne soit ni trop violente ni trop fade à la sortie. C’est le toreo de l’inconnu et du temps long.
Parfois, les essais fonctionnent et certaines familles sont la fierté de l’histoire somme toute récente de l’élevage. ‘Farolera’ est la mère de ‘Farolero’. C’est logique au campo. ‘Farolero’ a porté haut les couleurs de la devise lors de la corrida concours 2008 de Saragosse. Par six fois il s’élança (la distance augmentant) avec envie contre le picador, déclenclant le bonheur d’un public clairsemé, certes, mais assez entendu. ‘Farolero’ obtint le prix du meilleur toro de cette concours, et sa tête trône sur l’un des murs — pourtant déjà bien chargé — du salon de « La Ruiza ».
‘Farolero’ avait grandi comme un veau sous la mère, suivant ‘Farolera’ dans tous ses déplacements — elle negra, lui jabonero, une mère et son petit en somme. Aujourd’hui, le frère de ‘Farolero’ va sur ses un an et gambade au milieu des cuatreños, qui attendent leur heure. Sa mère n’a pas voulu le voir. Comme elle avait refusé de connaître et de protéger le précédent. Comprenne qui pourra, mais ‘Farolera’ n'accepte plus d’être une mère brave. Pour Tomás Prieto de la Cal le constat est rude, car la lignée de ‘Farolera’ est excellente, et la famille peu nombreuse. ‘Farolera’ se condamne à la mort en refusant d’aider à vivre, car « on ne peut garder une vache qui repousse ses petits ».
‘Farolero’ avait grandi comme un veau sous la mère, suivant ‘Farolera’ dans tous ses déplacements — elle negra, lui jabonero, une mère et son petit en somme. Aujourd’hui, le frère de ‘Farolero’ va sur ses un an et gambade au milieu des cuatreños, qui attendent leur heure. Sa mère n’a pas voulu le voir. Comme elle avait refusé de connaître et de protéger le précédent. Comprenne qui pourra, mais ‘Farolera’ n'accepte plus d’être une mère brave. Pour Tomás Prieto de la Cal le constat est rude, car la lignée de ‘Farolera’ est excellente, et la famille peu nombreuse. ‘Farolera’ se condamne à la mort en refusant d’aider à vivre, car « on ne peut garder une vache qui repousse ses petits ».
On entend souvent dire que le semental donne le physique et la mère son caractère au taureau de combat. C’est évidemment faux, ou tout le moins très incomplet. Le toro n° 6 est un berrendo en negro aparejado comme aujourd’hui seuls les encastes Veragua, Hidalgo Barquero — et quelques réminiscences de Jijón par Martínez — offrent l’occasion d’en contempler. La mère du n° 6 est elle aussi berrenda en negro aparejado quand son père est un costaud jabonero, n° 12 peut-être.
Peu importe. Au premier regard, ce n° 6, quand on oublie la tête — oublier la tête est le plus difficile quand on regarde un taureau de combat —, a un problème. La ligne du dos est cassée en son milieu comme si l’on avait appuyé trop fort dessus ou qu’un haltérophile roumain des années 80 s’en fût servi de banc. On pense à un accident, à une croissance contrariée, à un problème osseux peut-être.
En vérité, la réponse ne vient qu’après avoir franchi le chemin communal et être entré dans le territoire des vaches. La mère de ce n° 6 est identique en tout point à son fils : même pelage et identique ligne du dos. Elle a transmis à son petit cette particularité physique qui n’est ni un défaut ni une blessure: c’est ainsi et c’est tout.
Tout n’est pas clair, au campo…
Peu importe. Au premier regard, ce n° 6, quand on oublie la tête — oublier la tête est le plus difficile quand on regarde un taureau de combat —, a un problème. La ligne du dos est cassée en son milieu comme si l’on avait appuyé trop fort dessus ou qu’un haltérophile roumain des années 80 s’en fût servi de banc. On pense à un accident, à une croissance contrariée, à un problème osseux peut-être.
En vérité, la réponse ne vient qu’après avoir franchi le chemin communal et être entré dans le territoire des vaches. La mère de ce n° 6 est identique en tout point à son fils : même pelage et identique ligne du dos. Elle a transmis à son petit cette particularité physique qui n’est ni un défaut ni une blessure: c’est ainsi et c’est tout.
Tout n’est pas clair, au campo…
>>> Retrouvez, sous la rubrique « Campos » du site, deux galeries consacrées respectivement aux vaches et novillos de Prieto de la Cal, ainsi qu’aux toros prévus pour combattre, à Aire-sur-l’Adour, le 16 juin 2013.