08 octobre 2012

Retour à La Pobla de Farnals


« Ça va les gars ? Au niveau de la prise de risques, pas trop de stress ? »
Simon rigole, s’amuse de notre peur. Descendre dans la rue, avec une caméra ou un appareil photo, ça fait peur. Avec ou sans appareil, de toute façon, ça fait peur, même de loin. 
Nous sommes à Massamagrell. Il y a bien le cadafal* à droite, l’entrée de la peña du Blanco au coin de la rue et Florent pour me guider dans ces ruelles qu’il connaît comme sa poche, ça fait tout de même très peur. Se retrouver dans la rue peut être grisant, puis, subitement, totalement angoissant.
Tout peut changer très vite, même après plusieurs minutes de course. Il suffit que le seigneur toro que l’on pensait fatigué se mette en tête de charger pour que tout change, sans prévenir, à la vitesse de l'éclair. Et c'est l'angoisse. Un toro adulte, même fatigué, ça charge très vite, très fort. 

Simon s’en amuse. Simon court les toros, ici ou ailleurs. À Massamagrell, Simon reste en deuxième ligne, au cœur de l'action, mais plutôt discret. La deuxième ligne, pour vous, pour moi, ce serait déjà l'enfer. Lui s'en délecte.
— Et alors, Simon, tu ne vas pas au toro
Ce n'est pas la peur qui retient Simon, c’est plus simplement son admiration pour les gamins d’ici. Il reste presque sans voix devant leur façon de se la jouer. Alors, en retrait, à seulement quelques mètres du toro, il regarde, profite. Spectateur très privilégié.
— Tu as vu ça ? Ils se jouent la vie les gars ici ! Ils se jouent vraiment la vie. C’est dingue comment ils se la jouent. 

Massamagrell fait partie des coins phare du bous al carrer, pour ceux de Valencia. Plus au nord, pour ceux de Castellón, il y a La Vall d’Uixó et La Vilavella, évidemment. Sur la photo, ce n’est ni Massamagrell, où nous retournerons demain, ni « La Vall », comme ils disent, c’est La Pobla de Farnals, moins prestigieuse, mais où je me sens vraiment bien pour photographier. Le cadafal ne semble jamais très loin. 


* Il semblerait qu'il faille écrire « cadafal » et prononcer « carafal ». Sur place, pas grand monde ne semble d’accord sur la question.