Tu verras, tu finiras par ne plus y penser… après tout. La vie fait son affaire, et le temps passe, même s’il est vrai que les choses sont ainsi faites, que l’on ne maîtrise rien, ou presque, et qu’il faudra que tu affrontes ce moment, tôt ou tard, tout au long de ta vie qui te verra devenir femme, mère et grand-mère. Je te le souhaite d’ailleurs, quelque part. Ça voudra dire que t’es restée jolie, et attirante. Et pourtant, d’évidence, dans ton intimité, on ne manquera pas de te le rappeler. Parce que ces choses-là ne s’effacent pas… Elles sont là, sur ta peau, dans ta chair, comme une brûlure au fer rouge, comme une morsure terrible, comme un coup de corne de Miura dans la poitrine, un dimanche matin ensoleillé, à l’autre bout de la planète.
Tu te rappelleras alors ce moment où ta mère, impuissante, bercée entre colère et angoisse, s’est mise à pleurer, là-bas, sanglot lointain à travers le téléphone de ton Queensland natal… Te reviendra en tête cet instant de ta vie où tu as réalisé en un quart de seconde que tout allait peut-être basculer dans le néant, toi qui préparais si impatiemment cet agréable petit bagpacker trip navarrais, à l’autre bout du monde, chez ces fous d’Espagnols qui font la bringue comme personne et qui ont l’amusante manie de se lever tôt pour courir devant des toros…
Des toros ? Oui, des bulls si tu préfères… Une tradition un peu dingue avec des animaux, une fantaisie rigolote qui fait marrer tout le monde… Aujourd’hui, tu es certes bien vivante, grâce au santo bendito (mais ça, comment pourrais-tu le savoir ?), mais cette plaie béante dans ton cœur, là, sous ton sein, cette affreuse cicatrice recousue dans l’urgence aux urgences d’un hôpital aux abois sept jours par an qui n’avait que foutre de savoir si tu aurais cette année encore les plus beaux nichons du campus ; celle-là, tu ne pourras plus jamais la refermer, elle fait partie de toi, comme un tatouage rageur d’adolescent ; et, désormais, tout ceux qui la verront ne pourront faire autrement que de te demander : « Mais, putain ! qu’est-ce que t’es allée foutre là-dedans ?… »
Des toros ? Oui, des bulls si tu préfères… Une tradition un peu dingue avec des animaux, une fantaisie rigolote qui fait marrer tout le monde… Aujourd’hui, tu es certes bien vivante, grâce au santo bendito (mais ça, comment pourrais-tu le savoir ?), mais cette plaie béante dans ton cœur, là, sous ton sein, cette affreuse cicatrice recousue dans l’urgence aux urgences d’un hôpital aux abois sept jours par an qui n’avait que foutre de savoir si tu aurais cette année encore les plus beaux nichons du campus ; celle-là, tu ne pourras plus jamais la refermer, elle fait partie de toi, comme un tatouage rageur d’adolescent ; et, désormais, tout ceux qui la verront ne pourront faire autrement que de te demander : « Mais, putain ! qu’est-ce que t’es allée foutre là-dedans ?… »
Alors, tu ne pourras t’empêcher de baisser les yeux, et à jamais réentendre les sanglots matinaux de ta mère, impuissante, bercée entre colère et angoisse… petite conne.
Photographie Begoña Dang/Sanfermin.com