Novillos de Fernando Pereira Palha pour Orthez 2012 © Laurent Larrieu/Camposyruedos.com |
À recevoir les annonces de
carteles de la temporada 2012 dans le Sud-Ouest, force est de constater que
certaines petites arènes — l’utilisation du mot « petites » n’a rien
de péjoratif ici — offre une programmation fort intéressante pour les aficionados qui pourront assister à des
courses marquées par la diversité des encastes et la variété ganadera. La force des ces arènes qui
maintiennent la tauromachie dans les placitas contre vents et marées réside dans
leur faiblesse : l’argent. En effet, que ce soit pour les corridas ou pour
les novilladas, elles ne peuvent s’offrir le gratin de l’escalafón. Trop cher
la plupart du temps quand il ne s’agit pas d’un refus catégorique d’affronter
certains toros ou novillos. À ce sujet, il suffit de lire les péripéties
rencontrées par l’ADA Parentis avec certains novilleros (Víctor Barrio et
autres) pour prendre la mesure de la chose. Dans un même ordre d’idée, des maestros
comme Diego Urdiales ont clairement — mais en comité restreint — refusé de
combattre les Dolores Aguirre d’Orthez en 2011.
Leur force réside aussi dans un
volontarisme taurin car auraient-elles l’argent pour contracter figuras et
futurs « génies » de la tauromachie, rien ne dit qu’elles le feraient
à chaque fois.
Ainsi, la double conjonction
d’une politique taurine en marge concernant les élevages présentés et l’étroitesse
des marges de manœuvre financières pour composer le plateau a pour conséquence
la nécessité d’élaborer des carteles qui sortent souvent de l’ordinaire.
D’aucuns chaque année pointent du doigt la fragilité de certains de ces carteles du
point de vue des maestros. J’ai lu une fois que l'affiche des Dolores Aguirre
d’Orthez 2010 était faible par rapport à celle des Aguirre de Pampelune de la
même année. Critiquer une affiche est une démarche normale et même louable
(quand la critique est argumentée), mais mettre en comparaison Pampelune et la
cité de Fébus relève de la pure connerie voire d’une débilité mentale avérée
pour certains. Pour filer la comparaison, c’est aussi abscons que de demander
une présentation madrilène (et l’on pourrait en redire longuement sur les critères
de trapío ou de « non trapío » de Madrid) pour une course lidiée à La Brède.
Au-delà de ces aberrations, ces
petites arènes subissent aussi la dure loi du quitte ou double. Une féria peut être « sauvée » par une corrida — et
Mont-de-Marsan pourrait en témoigner, elle qui à la fin des années 1990 et au
début des années 2000 aurait dû ériger une statue à Victorino Martín dont les
bons toros firent oublier la nullité du reste du cycle —, mais dans ces petites
arènes tout se joue sur une voire deux courses et il en va de même pour le
ganadero dont l’élevage est observé sur cette unique course comme s’il était
possible d’émettre un avis sur le niveau moyen d’une ganadería, petite le plus
souvent, d’encaste minoritaire aussi, au seul reflet d’une course ! La
critique (pas tous les critiques évidemment mais une bonne majorité quand même) ne s’en prive
pas pourtant mais ça fait bien longtemps que je n’achète plus certains journaux
et que mes favoris Internet ont été nettoyés.
Bref, la saison 2012 s’annonce
intéressante dans le Sud-Ouest car la variété est à l’ordre du jour et dans
cette variété peut se lire en filigrane l’édification d’une certaine idée de la
tauromachie : Héritiers de Christophe Yonnet et Pagès-Mailhan à
Aire-sur-l’Adour, Baltasar Ibán à La Brède, Fernando Palha et Veiga Teixeira à Orthez, Coquilla de Sánchez-Arjona à Riscle,
Moreno de Silva et Alcurrucén à Hagetmau, Raso de Portillo et Valdellán à
Parentis… Ça paraît peu mais c’est déjà beaucoup, finalement.