Les présentations terminées, António da Veiga Teixeira s'est installé dans le 4x4 en compagnie de sa femme et de sa fille, et nous avons pris place dans le godet fixé à l'arrière du tracteur — un outil fort utile pour transporter une balle de foin… Debout dedans, nous l'inspections d'un air inquiet tout en évoquant l'incident de la veille : un jabonero de Canas Vigouroux chargea le cul du pick-up et nous en fûmes quittes pour une grosse frayeur.
Le mayoral a mis le contact et le tracteur s'est ébranlé en direction du premier cercado ; nous brinquebalions suspendus à seulement cinquante centimètres au-dessus du sol, sans aucune protection. Assis sur le garde-boue, João, le jeune fils du ganadero, a profité de l'arrêt obligé devant le portail de l'enclos pour nous demander si tout allait bien. C'est précisément le moment qu'a choisi l'un d'entre nous pour partir se réfugier dans le 4x4 qui suivait…
Il avait vu mais n'a rien dit. Il les avait vus et lorsque nous les avons vus à notre tour il était trop tard. Nous étions cernés par sept toracos negros de Veiga Teixeira — sept buffets portugais. Et à force de virer, 'Fraturo' avait fini par laisser filer celui avec lequel il se chicanait. Comme statufié à cinq mètres du tracteur, les oreilles dirigées vers l'arrière, 'Fraturo' était fin prêt à se l'emplâtrer… « Fais pas le con, nos femmes et nos enfants nous attendent à la maison. »
>>> 'Fraturo' et ses frères, sans oublier les novillos de Fernando Palha : « Les cartels d'Orthez 2012 ».
Photographie Alentejo, mars 2012 © Laurent Larrieu