02 août 2009

Thèse, antithèse... Orthez


Attention Toro bravoLe printemps 2008 connut une intense activité électorale. Et alors me direz-vous, on n’est pas là pour parler politique. Certes non ! Mais de politique tauromachique, un peu. Les basculements démocratiques ont des incidences sur ce qu’il advient parfois dans les arènes. Que l’on le veuille ou pas. Évidemment les toros se contre-rematent la pointe des cornes et se frisent les poils du morrillo de tout ce tralala. Les élections passent et certaines Commissions Taurines Extra-municipales (CTEM) trépassent.
La plupart des carteles étaient bouclés lorsque les urnes livrèrent leurs résultats. Difficile donc pour les nouveaux venus d’influer sur des choix arrêtés par d’autres. Ici ou là, essentiellement dans le Sud-Ouest, on remarquait d’insistantes velléités de changement. Déclarations, orientations, ambitions… En définitive, du ravalement de féria. Un lifting rapide allant des "Zoreilles" au "Zindulto". Le ton était donné. Pour le gros œuvre, on verrait plus tard.

Aux premiers frimas, les chantiers redémarrent. On cause, on recause, on compose, on recompose, puis on dépose sans ménagement tout le poids d’un passé dont on fait table rase. Aïe ! Direct sur les arpions d’illustres zapatillas que l’on pensait jusque-là bien campées au milieu du ruedo. Batacazo, re-batacazo et regatón !
Le feuilleton tient les aficionados en haleine tout l’hiver. On vire, on révoque, on remplace. Fin de règne et révolutions de plazas sur fond de psychodrames. Polémiques, escarmouches, nimoîseries et gasconnades ! Quel remue-corrales !
Vu de très loin, le suspens est in-sou-te-na-ble. On cogite, on s’embrouille, on s’impatiente. Une CTEM, comment ça marche ? A quoi ça sert ? Et les toros dans tout ça ?
Temporada 2009, sonnez clarines !
Permettez que l’on pose un bémol et que l’on modère cette aficíon naïve qui nous entraîne vers de graves déconvenues.
Il y a belle lurette que la plupart des villes ont instrumentalisé leur CTEM dans le but de privilégier les intérêts économiques des férias. Elle a bon dos la culture taurine ! Désormais la bête à cornes évolue dans un cadre événementiel contrôlé à la norme ISO2000. Le produit tauromachique est conçu pour dégager une plus-value émotionnelle et apporter un retentissement médiatique. La recette du succès est simple : olés et castagnettes pour l’exotisme, quelques paillettes, un peu de frisson, du sang pour la couleur, juste un trait. Trop d’hémoglobine nuit ! Triomphes et sorties a hombros garantis. Le concept est magistral… du grand art. Emballé, pesé, calibré… un travail de professionnel.

Toro sardineMais qu’un petit s’avise de rouler des mécaniques près du bac à sable, qu’il essaie de jouer dans la cour des grands, qu’il parle de toros, de recherche et d’authenticité, les dents grincent. Attention pitchoun ! Tar' ta gueule à la récré. Selon que tu seras puissant ou misérable, tu ramasseras plus ou moins sur le râble…
A Orthez, c’est le complexe de la sardine qui a frappé. Quèsaco docteur ? C’est grave ? Il s’agit d’un syndrome cérébro-spinal qui sévit dans les plazas de troisième catégorie. Il trouble le discernement, empêche de noyer le poisson et paralyse les tendidos en un "Klein d’œil". Ainsi un animalcule pour vedette apparu sur les rives du Guadalquivir ou de la Midouze, au bord de la Méditerranée ou de l’Atlantique, est instantanément submergé par une vague d’euphorie qui l’emporte dans les méandres de la mémoire. Par contre un montesinos gringalet combattu par un pauvre hère gominé finit par gaver le Gave, planté comme une arête en travers du gosier.

Inutile de revenir sur tous les commentaires : la première novillada de Nieves, désespérante, la présentation de Montesinos en France, à moitié satisfaisante, des santacolomas frustrants de bout en bout, une organisation parfois défaillante. C’est vrai ! Mais ne soyons pas injustes et rendons hommage à cette démarche volontaire, courageuse et innovante. Mieux vaut une petite arène vaillante qu’une grosse complaisante.
Adishatz, Ortès !

Pour plus d’informations, cliquez sur les mots en couleurs.
Vous pouvez vous référer aux textes de Tendido69 et de Philippe.
La galerie photos consacrée à Orthez se trouve dans la rubrique Ruedos.