05 août 2009

Thunderstruck


C’était le dernier. 'Amador'. Un cebada gago pétri de défauts, un mauvais lascar méchant et sournois. Un sale gosse qui te fout la pagaille en moins de temps qu’il ne faut pour le dire et qui te laisse bouche bée de toute façon. En l’observant mourir, c’est Sid Vicious qui hurlait et tirait les dernières balles déjantées des Sex Pistols dans une plaza pourtant coutumière d’outrances en tout genre.

A Hagetmau, lundi, Sid Vicious était bien mort. 'Camisón', n° 20 de Partido de Resina, a surgi vers 18h30, la gueule défiant le soleil. Je parierai que cela ne s’est jamais passé, j’en suis même sûr au fond de moi mais quand il nous a toisé, la tronche bien en haut, le morrillo gonflé comme une saloperie de cobra royal, j’ai entendu dans le rythme de sa défiance l’introduction de "Thunderstruck" (de AC/DC). Tout cela est faux c’est évident, Bon Scott est mort lui aussi mais l’entrée de 'Camisón' battait le tempo comme un cœur en colère au bord de l’explosion, dans une rage brute de basse surdynamitée. Un moment animal dans lequel une inquiétude outragée à peine palpable vagabondait des yeux de 'Camisón' vers nous.
"I looked round and I knew there was no turning back". Tout cela n’est pas réel, c’est évident. La tauromachie n’est pas rock’n roll pour deux pesetas et pourtant, parfois, de plus en plus souvent, on se prend à rêver qu’elle le devienne plus. On se prend à rêver de bruit, de pétages de plomb et de hurlements aux marges du tribal. Mais les espérances ont la vie courte et 'Camisón' a balancé ses sabots sur le sable (peut-être trop dur) des arènes d’Hagetmau dès avant les piques. Il ne fut que quelques notes bestiales, des secondes d’un son oublié. Le Rock est mort trop vite et dans le défilé de bestioles faibles, malades et sans caste, ne s’écoutait finalement plus que la complainte déraillée d’une chanteuse contemporaine proche du même état sanitaire que ces novillos de Partido de Resina. "Back to black" et fini le Rock.
Je ne sais pas si cela est bien réel mais dès le début de la novillada, un picador, certainement écoeuré par l’ultra faiblesse (ils s’écroulaient en touchant le caparaçon – sauf le 6 puissant mais non brave) des opposants a offert son castoreño à une brune décoiffée qui cuisait en fond de callejón. Si même les picadors rendent leur tablier…



Retrouvez une galerie de cette novillada dans la rubrique RUEDOS sur le site.

Photographie 'Camisón', novillo de Partido de Resina lidié à Hagetmau © Camposyruedos