Elle n’est pas sortie bonne, mauvaise même. Rien, ou pas grand-chose la corrida de Cuadri. Ça ne prête même pas à discussion.
Il y a eu ‘Brigada’, castaño, pour une chute de picador dantesque, puis, regard de tueur, Robleño qui a eu peur et qui l’a dit, paraît-il, à la télé, et puis rien. Même pas de quoi cacher la forêt. ‘Brigada’, cinq ans, devait prendre la route de Céret, mais il a fini à Las Ventas pour des questions de couleur de peau. Il se passe des choses curieuses parfois au campo.
Il s’est écrit beaucoup de choses sur cette course, il s’est donné des explications, échafaudé des raisonnements, dicté des sentences, parfois définitives. En résumé, la tendance générale c’est la faute aux kilos, beaucoup trop de kilos, et donc ça ne bouge pas. Foutaise.
Chez Cuadri, on arrive facilement à 600 kilos, surtout sur la tête de camada. Au campo, en mai dernier, la corrida prévue pour Céret, quoique moins homogène, semblait encore plus impressionnante que celle qui est sortie à Madrid. Nous verrons bien.
Alors la corrida de Cuadri a été mauvaise, et c’est tout. C’est juste que la caste n’était pas là, et les kilos ne sont vraisemblablement pas le début d’une explication.
Le poids n’a rien à voir avec le manque de caste.
Madrid, mai 1993
‘Clavellino’, numéro 7, couvert de prix, de reconnaissance et de souvenirs. Le 30 mai 1993, à Madrid, il faisait chaud et le fils de la ‘Clavellina’ affichait sans complexe ses 600 kilos. À la fin de la corrida, José Escobar avait été poussé à saluer, pour l’ensemble de la course, et personne ne se posait la question du poids des toros.
« Vieja estampa » avait titré le père Zabala dans ABC. Joaquín Vidal, à l’unisson, s’en était réjoui dans El País : « La afición madrileña se apercibió en seguida del festival de casta que estaban ofreciendo los toros, siguió con interés su lidia, calibró los distintos grados de bravura en la medida que la brutal torpeza de los picadores lo permitía y reaccionó finalmente con verdadera emoción y agradecimiento, aplaudiendo largamente al mayoral y obligándole a que saliera a saludar. Hubo de ser por la fuerza, pues se resistía, y el hombre — incrédulo y quizá tímido, según les suele ocurrir a la gente de campo cuando la trasplantan a la urbe, bien que a su pesar — se limitaba a dar cabezadas y mover la manita desde el callejón. Empleados de la plaza abrieron entonces una puerta, lo sacaron a empujones y entonces el mayoral no tuvo más remedio que salir al tercio, ponerse marchoso y saludar sombrero en mano. Estampa torera la del mayoral, que no se veía en Madrid desde hace mucho tiempo. Tampoco hubo motivos hasta ahora. Los aficionados ya habían perdido la costumbre de ver toros tan encastados. Y los toreros, más aún, de encontrárselos delante. »
‘Clavellino’, quatre piques dures, éprouvantes, destructrices, assassines, mais aux effets nocifs annihilés par la caste. Et ensuite… noblesse et mobilité. Vingt ans après, ‘Clavellino’ et ses 600 kilos galopent encore dans nos souvenirs et dans la muleta de Pepín Jiménez.
Le 1er juin 2013, ce ne sont pas les kilos qui étaient de trop, c’est la caste qui fit défaut. Et ça…
Photographie Un Cuadri pour Céret — Frédéric ‘Tendido69’ Bartholin