Bientôt, nous reprendrons la route. L’hiver ne dure qu’une nuit, hachée par un tempo glacé, un battement d’aile qui effleure nos rêves. Plusieurs tours, une seule nuit. Les pales de l’hélice tournent en découpant des tranches invisibles dans le silence pâle et lisse du temps, lentement. Plusieurs tours, une seule nuit. La roue tourne et bientôt, nous reprendrons la route qui nous mène aux toros.
Semés aux quatre vents, postés aux bords des routes, ils veillent. Silhouettes massives tranchant le paysage de leur ombre géante. Ils découpent le ciel comme un emporte-pièce et balisent la nuit, dressés comme des phares, sentinelles d’un monde aux frontières de l’absurde ; ils veillent sur les rêves où vivent, irréels, la lune et les toros.
L’hiver ne dure qu’une nuit et chacun suit ses rêves. Bientôt, nous reprendrons la route, jalonnée çà et là de souvenirs lointains, de repères familiers, de détours inconnus, d’aventures nouvelles, de rites singuliers sans cesse répétés comme des jeux d’enfants. Il y a mille chemins et chacun suit sa route. Mille jeux, mille rêves, mille toros de fer, mille autres encore de chair ou de feu. Il y a mille chemins mais il n’y a sur ma route qu’un toro de métal qui veille sur le temps.
Il était une fois, suspendu dans les airs comme un grand cerf-volant. Il était une fois, dominant le lointain, sur un rocher tout blanc, un grand toro tout noir comme de la réglisse. Planté sur son caillou, entre les voies rapides, à un jet de calot, pas loin de Saragosse, chaque fois, je l’attends, les billes grandes ouvertes, comme un gosse. J’attends Alfajarín, pour m’en remplir les yeux, pour m’en remplir la bouche et je le fais durer comme une friandise, glisser entre les dents, en répétant le mot, Alfajarín, Alfajarín ! C’est le cri d’un muezzin qui traverse les siècles pour réveiller nos rêves dans un mugissement.
Alfajarín ! J’ai traversé ta porte en l’effleurant, comme le vent. J’ai traversé le temps.
Les voies se multiplient, se divisent, s’entrelacent, les voitures s'agglutinent, la grande ville approche, droite sur son pilier, Saragosse. S’arrêter ou poursuivre ? Les toros sont ici, ils sont aussi là-bas, où nous pousse le vent. Il y a mille chemins, les rêvent sont tenaces, se multiplient, se divisent et s’entrelacent. La route est droite. Elle tournera bientôt, lentement, jusqu’au toro d’acier qui couronne la dent, La Muela.
Souffle gamin, souffle ! La Muela, mille jeux, mille géants, un seul toro tout noir, mille moulins à vent, blancs. La roue tourne et bientôt... Là-bas, Calatayud, plus loin Medinaceli, passé Guadalajara, Madrid. Les toros sont d’ici...
Bientôt, nous reprendrons la route, à l’aube, la lune fuit, l’hiver ne dure qu’une nuit.
>>> Pour ceux, friands de l’encaste des toros à ossature galvanisée, un lien particulier.
Image Toro d'Éole, La Muela, Zaragoza, printemps 2010 © JotaC
L’hiver ne dure qu’une nuit et chacun suit ses rêves. Bientôt, nous reprendrons la route, jalonnée çà et là de souvenirs lointains, de repères familiers, de détours inconnus, d’aventures nouvelles, de rites singuliers sans cesse répétés comme des jeux d’enfants. Il y a mille chemins et chacun suit sa route. Mille jeux, mille rêves, mille toros de fer, mille autres encore de chair ou de feu. Il y a mille chemins mais il n’y a sur ma route qu’un toro de métal qui veille sur le temps.
Il était une fois, suspendu dans les airs comme un grand cerf-volant. Il était une fois, dominant le lointain, sur un rocher tout blanc, un grand toro tout noir comme de la réglisse. Planté sur son caillou, entre les voies rapides, à un jet de calot, pas loin de Saragosse, chaque fois, je l’attends, les billes grandes ouvertes, comme un gosse. J’attends Alfajarín, pour m’en remplir les yeux, pour m’en remplir la bouche et je le fais durer comme une friandise, glisser entre les dents, en répétant le mot, Alfajarín, Alfajarín ! C’est le cri d’un muezzin qui traverse les siècles pour réveiller nos rêves dans un mugissement.
Alfajarín ! J’ai traversé ta porte en l’effleurant, comme le vent. J’ai traversé le temps.
Les voies se multiplient, se divisent, s’entrelacent, les voitures s'agglutinent, la grande ville approche, droite sur son pilier, Saragosse. S’arrêter ou poursuivre ? Les toros sont ici, ils sont aussi là-bas, où nous pousse le vent. Il y a mille chemins, les rêvent sont tenaces, se multiplient, se divisent et s’entrelacent. La route est droite. Elle tournera bientôt, lentement, jusqu’au toro d’acier qui couronne la dent, La Muela.
Souffle gamin, souffle ! La Muela, mille jeux, mille géants, un seul toro tout noir, mille moulins à vent, blancs. La roue tourne et bientôt... Là-bas, Calatayud, plus loin Medinaceli, passé Guadalajara, Madrid. Les toros sont d’ici...
Bientôt, nous reprendrons la route, à l’aube, la lune fuit, l’hiver ne dure qu’une nuit.
>>> Pour ceux, friands de l’encaste des toros à ossature galvanisée, un lien particulier.
Image Toro d'Éole, La Muela, Zaragoza, printemps 2010 © JotaC