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11 mars 2013

Aux portes de Rome


Cheyenne dressé sur son promontoire rocheux. Silhouette. Inquiétante. Fixe l’horizon. Désert. Pinède infinie. Le jour se lève. Silence et oiseau mort. Le vent et la poussière. Patience. Où ? Quand ? Combien ? Patience. Long nuage blanc sur horizon. Mont pelé qui gronde. La terre vibre. Ils arrivent…

Fatal. Inévitable. Imminent.

Cailloux qui roulent. Herbe sèche. Terre ocre. Vent et poussière. Soleil levant. Lumière blanche. Désert. Volcan. Terre qui tremble, tremble… tremble !

Ils sont là.

Ciel blanc… Les voilà. Ombres noires sur horizon. Silence. D’abord les cavaliers, les lanciers. Douze, vingt, cent et mille. Immense. Masse sombre et mouvante. Monstre rampant au dos dardé de pieux. Nuage blanc. Vent et poussière. Silence pesant.

Inquiétant. Terrifiant. Avance.

En face. L’horizon vibrant, noir de silhouettes qui se dessinent dans la brume. Fantomatique. Grondement sourd. Lourd. Roulement de tambours. Sol qui se déchire. Machine en marche, s’élance. Déterminée. Extraordinaire. Maintenant.

Lièvre qui fuit. Peur. Volcan qui explose. Panique. Terre qui brûle. Magma en fusion surgit du cœur de la pinède et qui dévale le mont pelé. Puissant. Invincible. Infernal. Dévaste tout. Branches qui craquent. Sol vibrant, pierres qui se détachent des montagnes, roulent. Poussière, poussière et poussière. Fracas et hurlements, ferraille, cuir, sueur, vent, galop, fureur, écume aux lèvres.

Effrayant, énorme, monstrueux, sauvage. Terreur ! Fuir ou mourir. Que dieu nous sauve.

Rome, résignée, attend son châtiment. L’armée mongole déferle. Gengis Khan est à ses portes.


>>> Retrouvez, sous la rubrique « Campos » du site, une galerie consacrée aux plus vieux encierros d'Espagne.

Cuéllar, ou le peuple du toro


Rentrer dans l’arène habillé de lumière pour y flinguer un bestiau furieux selon les règles qu’un obscur zozo répondant au nom de Cucháres a pris la peine de taper à la machine sur un joli papier quelques siècles plus tôt, ça n’a pas vraiment de sens.

L’Espagne crève la dalle, et ces choses-là ne font pas bouffer le peuple. On pourra toujours gueuler contre une pique mal branlée, des derechazos sans fond et un torero hors de forme, ça ne remplira pas le frigo de l’Espagnol et ça ne lui mettra pas de truelle entre les mains… Les gens de Castilla y León le savent mieux que les autres, et quand on arpente les ruelles sans âme de la cité de Cuéllar, on comprend que les pensées aillent ailleurs. Le centre des ruedos vous caresse vaguement les pupilles, et vous aurez beau tenter de vous enflammer pour le minot du coin et ses trois pirouettes, l’esprit n’y est pas… ou plus. Au fond, je crois que la corrida, ici, tout le monde s’en fout.
Ça divertit, me direz-vous, et c’est déjà pas mal, ma foi. Alors bon, c’est comme ça, à Cuéllar, et c’est comme ça dans bien des bleds d’« Hispanie »… La corrida sent le formol ; il faudra bien un jour s’en convaincre.

Mais si vous vous levez tôt, à l’heure de l’encierro, et que vous traînez votre derche à travers champs poussiéreux et rocailles, à la sortie de la ville, vous croiserez l’autre trogne de ce peuple désœuvré. Ce peuple-là, qui se fout pas mal de savoir ce que l’on fait à un toro de Santa Coloma et ce que l’on ne fait pas à un de Domecq, est pourtant bel et bien le peuple du toro. Ce petit peuple, humble et râpeux comme un mauvais pif de campagne, généreux et grossier comme une soupe de topinambours, épais et pesant comme un açaï de cinquante réaux, aime les jeux de la rue, les divertissements du populo, les amusements de la masse et les toros qui vont avec. La voilà l’âme de ce pays qui, aujourd’hui plus que jamais, à défaut d’avenir, veut son pain et ses jeux, avec des toros au milieu.

Non, même par temps dégueulasse, vous ne tuerez pas le peuple du toro. 

24 août 2012

Aléas d'août


Azpeitia 21, avenue de Landeta, poussez la porte, entrez, asseyez-vous. Public détendu et sans artifice. Beaucoup de musique et souvent des toros, mais peu cette année.

Solidité et bravoure Valdellán à Parentis.

Moreno de Silva Plof !

Bayonne Bon ben va falloir aller soutenir Bayonne… Les jours avec El Juli ou les jours de toros ?

Saint-Sébastien ? Un endroit improbable pour une clientèle ciblée dont on nous avait vanté le concept génial au moment de l’inauguration, et qui aujourd’hui ressemble à un bunker sentant le pipi gardé par un service d’ordre qui découragerait un peloton de la légion étrangère. Bildu ou pas bildu, cet endroit est dépourvu de charme et de passion. La page est tournée depuis la destruction du Chofre.

Dax Cinq ans d'absence et passage rapide pour voir les toros d'Escolar et le public bicoloré. Les tercios de piques ont mis en évidence un manque de fond pour les 1er et 5e. Plus sérieux, les 4e et 6e (qui prend trois piques dont deux cariocas parce qu'il a cinq ans et demi et des cornes) ont été aussi dégonflés par la lidia. Le sérieux 2e a développé un genio inquiétant et le 3e méritait bien davantage la vuelta al ruedo que le 5e. Le vilain 1er, sans race, s'est vite réservé. Le public hésitait, recherchant à la fois succès et consistance. J’ai bien noté que les escaliers 17 et 18 résistaient avec une admirable constance. Qu'ils sachent que, depuis le G10, Pierre-Albert Blain les soutient et qu'El Juli ne pratique plus « tauromachie éjaculatoire » (sic). Dax a mis soixante-dix ans pour placer le picador en face du toril et quatre-vingt-cinq pour faire passer l'écartement des lignes concentriques d'1,80 m à 2,50 m. À noter aussi que la plupart des puyas étaient bien posées ce jour-là. Autrefois convaincue d’avoir un train d’avance, Dax doute désormais, et c’est peut-être bon signe, mais que de temps perdu.

Vic-Fezensac Le Cercle taurin de vieux (CTV) s’inquiète pour les sous mais s’enferme puisqu’il est vieux et que Chopera administre le fonds de pension.

Morante de la Puebla Dans l’échec il reste un savant, un torero libre et créatif. Rare et cher… Depuis 2011, et malgré 2012, le 23 août reste un jour férié sur mon calepin.

Bilbao et Jandilla Tant de bravoure qui se perd dans tant de faiblesse.

Cuéllar Partir, voir ailleurs pour réfléchir… mieux, bien sûr.

Mario Tisné