Rentrer dans l’arène habillé de lumière pour y flinguer un
bestiau furieux selon les règles qu’un obscur zozo répondant au nom de Cucháres
a pris la peine de taper à la machine sur un joli papier quelques siècles plus
tôt, ça n’a pas vraiment de sens.
L’Espagne crève la dalle, et ces choses-là ne font pas bouffer le peuple. On pourra toujours gueuler contre une pique mal branlée, des derechazos sans fond et un torero hors de forme, ça ne remplira pas le frigo de l’Espagnol et ça ne lui mettra pas de truelle entre les mains… Les gens de Castilla y León le savent mieux que les autres, et quand on arpente les ruelles sans âme de la cité de Cuéllar, on comprend que les pensées aillent ailleurs. Le centre des ruedos vous caresse vaguement les pupilles, et vous aurez beau tenter de vous enflammer pour le minot du coin et ses trois pirouettes, l’esprit n’y est pas… ou plus. Au fond, je crois que la corrida, ici, tout le monde s’en fout.
Ça divertit, me direz-vous, et c’est déjà pas mal, ma foi. Alors bon, c’est comme ça, à Cuéllar, et c’est comme ça dans bien des bleds d’« Hispanie »… La corrida sent le formol ; il faudra bien un jour s’en convaincre.
L’Espagne crève la dalle, et ces choses-là ne font pas bouffer le peuple. On pourra toujours gueuler contre une pique mal branlée, des derechazos sans fond et un torero hors de forme, ça ne remplira pas le frigo de l’Espagnol et ça ne lui mettra pas de truelle entre les mains… Les gens de Castilla y León le savent mieux que les autres, et quand on arpente les ruelles sans âme de la cité de Cuéllar, on comprend que les pensées aillent ailleurs. Le centre des ruedos vous caresse vaguement les pupilles, et vous aurez beau tenter de vous enflammer pour le minot du coin et ses trois pirouettes, l’esprit n’y est pas… ou plus. Au fond, je crois que la corrida, ici, tout le monde s’en fout.
Ça divertit, me direz-vous, et c’est déjà pas mal, ma foi. Alors bon, c’est comme ça, à Cuéllar, et c’est comme ça dans bien des bleds d’« Hispanie »… La corrida sent le formol ; il faudra bien un jour s’en convaincre.
Mais si vous vous levez tôt, à l’heure de l’encierro, et que vous traînez votre
derche à travers champs poussiéreux et rocailles, à la sortie de la ville, vous
croiserez l’autre trogne de ce peuple désœuvré. Ce peuple-là, qui se fout pas
mal de savoir ce que l’on fait à un toro de Santa Coloma et ce que l’on ne fait
pas à un de Domecq, est pourtant bel et bien le peuple du toro. Ce petit peuple, humble et râpeux comme un mauvais pif de campagne, généreux et grossier comme une
soupe de topinambours, épais et pesant comme un açaï de cinquante réaux, aime les jeux
de la rue, les divertissements du populo, les amusements de la masse et les
toros qui vont avec. La voilà l’âme de ce pays qui, aujourd’hui plus que
jamais, à défaut d’avenir, veut son pain
et ses jeux, avec des toros au milieu.
Non, même par temps dégueulasse, vous ne tuerez pas le
peuple du toro.