18 mars 2013

¡Manda huevos!


Huevos, pluriel de huevo, œuf en français, est une façon un tantinet grossière de désigner les testicules dans la langue de Cervantes. 

Les Espagnols accommodent les œufs à toutes les sauces, et nombreuses sont les expressions faisant référence aux attributs masculins :
estar hasta los huevos = en avoir marre ;
(no) salir de los huevos = (ne pas) vouloir ;
tocar los huevos = faire chier ;
tocarse los huevos = ne rien faire ;
tener un par de huevos = être courageux ;
valer un huevo = valoir cher ;
no hay huevos = même pas capable.
Etc.

Si le synonyme cojones peut allègrement remplacer huevos, il y a bien une expression où les œufs n’ont pas leur place : hacer un frío de cojones = faire un froid de canard.

Et manda huevos, me direz-vous ; cette expression est généralement utilisée, à tort, pour susciter l’indignation ou le mécontentement. La confusion provient de la similitude phonétique entre huevos et uebos. Ce dernier vient du latin opus, au sens de chose nécessaire. Par conséquent, manda uebos signifie « chose oblige ». Petit à petit, cette expression d’origine juridique est tombée en désuétude pour être remplacée par le populaire manda huevos, né de la méconnaissance du mot uebos. L’expression manda huevos est un juron familier qui peut également se transformer, par extension, en manda cojones. La boucle est bouclée.

Tout ça pour quoi ? Eh bien, vous me croirez ou non mais le juron manda huevos est la première chose qui m’est sortie de la bouche lorsque j’ai aperçu l’arrière-train de ce toro, qui brille par l’absence d’attributs masculins.
Ce « toro » de Dolores Aguirre, aussi laid qu’un dromadaire, est le toro de la finale du Concours national de recortadores de la féria des Fallas 2013 — rien que ça ; concours qui, par-dessus le marché, sera retransmis par Canal+ Toros Espagne, le vendredi 22 mars, afin que tous les abonnés puissent profiter de la beauté de ce quadrupède…

Alors oui, je peux le dire haut et fort si j’en ai envie : « ¡Manda huevos! »