20 mars 2013

Ça se sent que c’est toi


J’y vais rarement, mais j’y vais… non, pas aux chiottes, sur Mundocojones. En ce moment j’y vais beaucoup because ils vont bientôt annoncer les carteles de Madrid. Déjà que je vois de moins en moins de courses, je n’ai pas l’intention de rater la fin de la féria, normalement torista, dont on espère qu’elle sera moins triste que celle pré-annoncée plus ou moins officiellement.


Faut dire que Samuel Flores a sur mon moral des effets pas franchement euphorisants. Ça me rappelle l’époque où Zabala père… le père… réclamait pour les samueles moins de cornes et plus de caste. C’était pas faux. Rapport aux annonces plus ou moins officielles, s’ils pouvaient nous remplacer la corrida de Samuel par celle d’Escolar, par exemple, ça m’irait bien. Si d’ici vendredi quelqu’un peut faire quelque chose à ce sujet, je lui en serai reconnaissant — et pas que moi. 

Donc je vais à la pêche aux informations sur Mundocojones pour ne pas payer trop cher mon billet Ryanair, et là, par le plus grand des hasards, je tombe sur une interview du directeur des arènes de Valence, qui fait le bilan de sa féria. Génial. De la vraie info. Du journalisme d’investigation. Du lourd.

Certains diront que je le fais exprès, mais pas du tout. Le hasard, rien que le hasard. D’un point de vue purement journalistique, on note immédiatement la pertinence de l’investigation, le risque du terrain… miné ? Immersion totale, journalisme au sens le plus noble du terme, démarche osée, assumée, pertinente… Micros cachés ? Mon palpitant s’emballe. 

Oui, j’avoue… comme il peut m’arriver de regarder un épisode d’une série de merde sur TF1 (j’exagère mais c’est exprès), je me laisse aller… je m’installe confortablement… je balance la page Mundocojones en plein écran sur mon 27 pouces tout neuf et je déguste. Allez, c’est parti… La féria des figuras.

SC. — Artísticamente le doy un diez sobre diez. 

Le producteur d’art se donne un dix sur dix… La perfection est bien de ce monde. On le savait déjà, vous me direz, mais ça fait sacrément du bien de se le rappeler. Faudrait vraiment que d’autres en prennent de la graine. Je sais pas moi… L’Adac, l’ADA, le CTV… Bezouce, aussi, et puis Hoyo de Manzanares… Ça leur ferait pas de mal. 

Par ces temps de crise, autant de perfection ne peut que nous émoustiller, nous alléger, nous conforter dans notre afición, vraiment… C’est ça qu’il faut, du positif pour la Fiesta ! De la perfection ! De la bonne humeur ! Aimons-nous les uns les autres ! C’est comme ça que nous irons de l’avant, pas autrement. Sus aux grincheux et aux pisse-froids !

Je vous passe les détails sur le nombre d’oreilles réellement coupées, virtuelles, non coupées par la faute des aciers… de ce qui fut, de ce qui aurait pu être mais qui ne fut pas… et de ce qui fut sans vraiment l’avoir été… Mais qu’est-ce qu’on s’en braaanle !

Révélation. Le producteur d’art évoque ensuite la future vedette de demain, Daniel Luque. 

SC. — Estoy seguro que estamos ante la inminente próxima figura del toreo porque tiene todas las condiciones para serlo y sólo tiene 23 años, y además tiene la madurez necesaria para lograrlo. 

Contrairement à SC, je ne suis pas très honnête. Je l’avoue, je suis un peu filou. Lui, contrairement à moi, il a pris la précaution délicieusement éthique de préciser qu’il voit en Luque la future grande vedette de demain, mais que ça n’a rien à voir avec le fait d’être son représentant commercial… C’est quand même bien l’honnêteté intellectuelle… Ça soulage. 

Donc il a vraiment de la chance d’être le manager de la vedette imminente de demain, même si le fait de penser que Luque est une imminente future vedette n’a rien à voir avec le fait d’être aussi son très actuel représentant commercial… ni avec le fait d’avoir un truc à vendre, là, maintenant et tout de suite… et… et c’est bien, c’est de l’art et c’est tout. Mais ça suffit. C’est juste imminent… Je sens que ça vient.
 

Vous suivez pas ? Pas grave, on s’en fout. Je passe sur les novilladas. Ça n’intéresse personne les novilladas, même pas ma femme de ménage du travail. Et pourtant ma femme de ménage du boulot elle est espagnole, de Lorca, figurez-vous ; et pourtant elle s’en moque des novilladas. Monde cruel…

Après, le producteur d’art se plaint du fric, du manque de public et de je ne sais plus quoi. Mais, là aussi, on s’en tamponne. C’est la crise, quoi ! Merde, on va quand même pas taper Chypre pour renflouer les taurins. Non… Venons-en au sublime, car il y a toujours du sublime chez SC. 

SC. — Voy a descansar, sólo un día, pero voy a tomarme ese respiro, y luego voy a soñar, porque soñando es como surgen ideas… 

Traduction approximative (oui, la perfection n’est pas de ce monde… du monde de Campos y Ruedos, je veux dire) : « Je vais me reposer, seulement une journée, mais je vais m’accorder ce temps de respiration, et ensuite je vais rêver, car c’est en rêvant que les idées surgissent… » et qu’il les applique ensuite à ses férias.

Il se reposa un jour et pondit une féria… géniaaale, évidemment. Putain mais c’est Dieu ! Encore heureux qu’il ne concocte pas ses carteles quand il va aux chiottes, quoique… parfois… Faudrait pas qu’il nous fasse le coup de la tarte Ikea… 

Enfin, pour rester dans la perfection, il est annoncé ailleurs que SC va bientôt publier un livre. Ça sent le sublime… Si, si, je le sens… Sinon, à part ça, il paraît que le prochain Almodóvar, qui sort la semaine prochaine en France mais qui est déjà dans les salles en Espagne, est un gros navet. Mais j’en sais rien, je ne l’ai pas encore vu. Et puis ça n’a aucun rapport.


Photographie Laurent Larrieu — quel taaalent !