16 avril 2008

"Chinillas"


Il n'y a aucun doute, la photographie couleur a qualitativement énormément gagné avec l’apparition du numérique. J'en ai discuté récemment avec Milo, un des professeurs de l'Ecole nationale supérieure de photographie. Une rencontre arlésienne, un matin de féria, au tambourin, juste avant que tout commence, un café et une noisette. J’aime ces instants matinaux qui n’appartiennent pas à tout le monde. Les choses semblent plus simples, plus sereines. Nous sommes restés une bonne heure à discuter photographie et corrida.
Pour le noir et blanc nous sommes tous d’accord, c’est un peu la misère. Mais Milo, forcément très à la pointe, est confiant et prédit, pour très bientôt, des progrès extrêmement spectaculaires. Il n’y a évidemment aucune raison de ne pas le croire, même si j’ai du mal à imaginer qu’un fichier numérique puisse nous offrir la profondeur, l’épaisseur et la richesse d’un négatif noir et blanc…
Depuis le numérique, qui a bouleversé les habitudes et même la vie des photographes, les choses ne sont plus comme avant. Ce que nous avons gagné d’un côté, nous l’avons perdu de l’autre. J’ai bien tenté de convertir en noir des fichiers de campo mais rien à faire. Ça ne le fait pas. C’est plat, artificiel. Il y a un coté agressif, brûlé. Peut-être ma maîtrise de Toshop est insuffisante, mais cela n’explique pas tout. Quel photographe se risque aujourd’hui à envisager le campo en noir ? Plus aucun sans doute. C’est dommage car le noir et blanc au campo autorise des images graphiques que la couleur ignore.
Ce novillo portait le fer de l’élevage de La Laguna, propriété de la famille Mayoral. Nous nous trouvions à Talavera de la Reina, dans la finca "Chinillas". La veille, à Madrid, Pepín Liria s’était envoyé, dans les tablas du 5, et sous nos yeux, un sobrero manso et monstrueusement armé de Diego Garrido. Pendant que je faisais ce cliché, les employés de la finca s’occupaient d’enfermer deux vaches pour un tentadero. Quelques minutes plus tard, nous allions découvrir et voir toréer un gamin de douze ans, encore totalement inconnu : El Juli.

"ay en madrid murio Granero
en sevilla Varelito
y en talavera de la reina
mato un toro a Joselito
el menor de la Gabriela"

... Merci ludo :-)