Hier, sur le calendrier, mercredi 22 février, Cendres. Les cendres, c'est sa matière. C'est ce qu'il déplace, retourne, remue, brasse et ressasse, depuis des années, depuis la mort de son frère. Cendres. Elles se sont déposées en strates successives à la surface magmatique de sa mémoire. Et, régulièrement, il s'en échappe des fumeroles, des bouffées disparates qui montent dans les airs, chimériques témoins du feu qui couve comme un coeur sous la cendre. De ce passé mille fois consumé, mille fois révolu, mille fois revenu, s'embrasent des escarbilles telles des phénix uniques, poétiques et truculents, désespérément humains et dérisoires.
Des feux follets qui éclairent le chemin et font danser les rêves infinis comme dans cet extrait :
« Chacarte avait soulevé la veste brodée, il la tenait à deux mains en me disant :
— Vas-y, passe les bras ! Les deux en même temps. On va bien voir, si elle te va.
La veste tomba, lourde, sur mes épaules.
— Impeccable ! dit Chacarte en me donnant une claque dans le dos, lève les bras ! tourne-toi. Es-tu à l’aise ?
J’obéissais cérémonieusement aux indications, je levais les bras, je tournais sur moi-même, je simulais quelques passes, j’étais face au soleil d’avril qui pénétrait vif par la fenêtre du balcon. Dès que je bougeais, les paillettes dorées scintillaient, et les vieux murs étaient éclaboussés de lumières dansantes.
— Qu'en pensez-vous Concha ? demanda Rafael
— On la dirait faite sur mesure.
— Tu as un costume de lumières à toi, Nimeño ?
— Non, maestro.
— Alors, garde celui-là, et qu'il te porte chance. »
Avant de me rendre le livre qu'il venait de dédicacer, il s'est arrêté sur la photo de la jaquette : « El Rubio, la vie de ce gars est à elle seule un roman… » Chiche !
¡Olé, los artistas !
>>> Vient de paraître : Alain Montcouquiol, Le fumeur de souvenirs, Éditions Verdier, 2012.
J’obéissais cérémonieusement aux indications, je levais les bras, je tournais sur moi-même, je simulais quelques passes, j’étais face au soleil d’avril qui pénétrait vif par la fenêtre du balcon. Dès que je bougeais, les paillettes dorées scintillaient, et les vieux murs étaient éclaboussés de lumières dansantes.
— Qu'en pensez-vous Concha ? demanda Rafael
— On la dirait faite sur mesure.
— Tu as un costume de lumières à toi, Nimeño ?
— Non, maestro.
— Alors, garde celui-là, et qu'il te porte chance. »
Avant de me rendre le livre qu'il venait de dédicacer, il s'est arrêté sur la photo de la jaquette : « El Rubio, la vie de ce gars est à elle seule un roman… » Chiche !
¡Olé, los artistas !
>>> Vient de paraître : Alain Montcouquiol, Le fumeur de souvenirs, Éditions Verdier, 2012.