10 octobre 2010

Jean-Louis


À court d'idées (et de contrats) pour son poulain, l'apoderado de Javier Conde, le taurino sévillan Manuel Álvarez Canorea, compose le numéro du gominé le plus célèbre de l'escalafón : « Allo, Javier ?
— C'est lui-même.
— J'ai une course à te proposer (il marque un temps en laissant entendre un raclement de gorge) dans la capitale.
— ...
— Allo ?
— J'écoute.
— Le jour de la fête nationale1 ! Pour la confirmation d'un Aztèque.
— Et avec ?
(nouveau raclement de gorge) Des Fraile.
(sortant de sa réserve) Oh ! mon ami Moïse !
— Heu, non, ce n'est pas Moïse...
(visiblement inquiet) Nicolas ?
— Non plus... (d'une voix basse) C'est Jean-Louis.
Bip, bip, bip, bip... »

Les apoderados d'El Fandi, El Juli, El Cid, Enrique Ponce, Alejandro Talavante, Morante de la Puebla, Daniel Luque, Sébastien Castella, Francisco Rivera Ordóñez, Rubén Pinar, Miguel Tendero, El Cordobés, César Jiménez, Cayetano, Luis Bolívar, Matías Tejela, Finito de Córdoba, Jesulín de Ubrique (vous l'aviez oublié ?), Joselito Adame, Salvador Vega, El Capea et El Cordobés hijo n'auraient pas imaginé le quart d'une seconde leur faire pareille proposition ; les médecins de Julio Aparicio, José María Manzanares et Miguel Ángel Perera auraient dit clairement non, pas question ; il se murmure que José Tomás aurait oublié, pour de bon, ce qu'est un toro, et Juan Bautista confirmé sa présence à Sangüesa ce jour-là ; Juan José Padilla, Rafaelillo, Antonio Ferrera et d'autres, grands princes mais trop nombreux à énumérer — qu'ils nous pardonnent —, auraient préféré laisser leur place à des collègues moins gâtés, et, enfin, l'inénarrable imprésario d'Alberto Aguilar aurait répondu à l'empresa madrilène qu'elle pouvait aller se faire foutre...
Au bout du compte, les noirs, costauds et fort rares Graciliano2 de Juan Luis Fraile seront passés au fil de l'épée par l'illustre inconnu Alfredo Ríos 'El Conde' (comte mexicain qui, pour confirmer à Madrid, était prêt à s'envoyer « n'importe quoi » !), Luis Vilches (avec deux contrats cette année, il aurait hésité à entamer une grève de la faim avant d'apprendre que Madrid lui offrait une occasion inespérée de relancer sa carrière) et Eduardo Gallo (l'éternelle promesse du toreo « parrainée » par César Rincón serait en proie à une profonde dépression depuis plusieurs années déjà)...

1 El Día de la Hispanidad, le 12 octobre.
2 Fossiles vivants du campo...

>>> Une fois n'est pas coutume, nous vous redirigeons vers ces portails publicitaires sans intérêt où il est beaucoup plus aisé de rencontrer un torero sur son lit d'hôpital qu'un toro sans fundas : « Toros para Madrid de Juan Luis Fraile » & « Los toros que lidiará El Conde en Madrid » (Carolina, si votre père voyait ça !).

Images Dans les corrals de Las Ventas le 23 août 2009, détail d'un Juan Luis Fraile portant la marque du fer sur le haut de la cuisse (guarismo impair), alors que l'unique guarismo pair l'a en bas... Précision Après avoir observé les photos de l'apartado des toros 2010 — le 4° montrant le flanc gauche —, les guarismos pairs portent le fer en haut de la cuisse à l'exception d'un (?), tandis que le seul guarismo impair l'a lui aussi en bas ! Si quelqu'un connait les us et coutumes de la maison... Le lot de Fraile de 2009 donc, complété par deux Ana María Cascón — l'autre devise partageant le campo des Graciliano —, fut combattu par les « seconds couteaux » Carnicerito de Úbeda (tiens, Úbeda), Francisco Javier Corpas et Serranito © Juan 'Manon' Pelegrín  Si vous souhaitez vous rendre à « Cojos de Robliza », finca des Fraile,  en provenance du Portugal sur la E-80/A-62, tenez-vous prêt à prendre la prochaine sortie, la 269 pour « Robliza de Cojos », lorsque vous apercevrez ce panneau © François Bruschet