08 octobre 2010

Ici sévit une mafia


Personnellement, je ne connaissais pas Joaquín Vidal. La première fois que nous nous sommes rencontrés, Joaquín Vidal était seul, assis sur les gradins de Las Ventas, seul au milieu de rien sous un poncho martyrisé par les trombes d’eau qui donnaient l’illusion que le béton fondait de désespoir. Il était seul. Il était une photo. J’ai aimé cette photo. Non pas ses qualités techniques et/ou esthétiques mais j’ai aimé cette photo pour ce qu’elle montrait. Un homme seul sous une pluie de titan en train de regarder une corrida de toros. J’ai lu Joaquín Vidal après notre rencontre. J’ai aimé ce qu’il écrivait sur ces corridas qu’il regardait sous la pluie. J’ai toujours été méfiant [et je le suis toujours] à l'égard de ceux qui admirent, de ceux qui ont des maîtres, de ceux qui vouent une passion démesurée à d’autres. Mais il faut bien le reconnaître, Joaquín Vidal savait de quel bois est fait le toreo. Et sa plume, comme les grandes plumes, ne se contentait pas d’écrire ou de décrire. Il y avait un discours derrière les mots. Sa plume écrivait et sa plume parlait. D’autres ont essayé d’écrire pour parler d’eux toujours...
Avant que d’autres amis n’écrivent à ce sujet, et je sais qu’ils le feront mieux que moi, savourons ces quelques lignes de Joaquín Vidal et laissons le vent du sud les porter peut-être à un organisateur de spectacles qui sévit dans une ville depuis peu déclarée "taurine" :
"Or ce quidedroit n’a pas la moindre intention de faire une quelconque enquête, même si, pendant toute la feria — et il y a vingt spectacles —, sont sortis des taureaux suspectés d’avoir été aféités, des taureaux d’une invalidité suspectée, des lots entiers de corridas suspectés d’avoir été drogués au vu des symptômes de faiblesse générale, de somnolence et de défaut de coordination dont ils souffraient." (in Ici sévit une mafia)

Photographie Détail du livre de Joaquín Vidal, Chroniques taurines, traduit de l'espagnol par Virginie Girard aux éditions Les Fondeurs de Briques (2010).