28 octobre 2010

Prix Mallarmé 2010


Chaque année depuis un certain nombre, l'Académie Mallarmé décerne à un auteur contemporain d'expression française le prix de poésie du même nom. Après le Prix Nobel de littérature récompensant un Mario Vargas Llosa ami de la Fiesta, les mallarméens ont tout récemment choisi le leur : Robert Marteau (1925) pour son recueil Le temps ordinaire (Champ Vallon, 2009). Remis lors de la prochaine et imminente Foire du livre de Brive — les amoureux des petites fabriques de bouquins passeront leur chemin —, le lecteur ébloui et envoûté de Pentecôte1 (Gallimard, Collection Blanche, 1973) ne ratera pas l'occasion d'aller toucher des yeux le récipiendaire du Prix Mallarmé 2010. Auteur en 2007 de Sur le sable. Toros, toreros, toreo aux éditions Mémoire Vivante2, Robert Marteau y livrait une vision pleine de spiritualité de la tauromachie : « Comme la peinture la tauromachie est maniement d'abord mais où l'âme est hautement impliquée, car il faut la tenir et même la maintenir plus haut que le cœur. À qui lui demandait comment il se décidait à entrer dans le cercle où déjà le fauve avait pénétré, Luis Miguel Dominguin répondait : "Parce que je suis déjà mort." Et cela se lie parfaitement avec ce que dit le chamane : "Va libre celui-là seul qui se guérit de sa mort dès sa jeunesse." Et tel était bien le but de l'initiation du jeune Indien d'Amérique du Nord. »

Enfin, il n'était décemment pas envisageable de clore ce post sans vous livrer un poème — Soupir — de Stéphane Mallarmé (1842 – 1898) :

Mon âme vers ton front où rêve, ô calme sœur,
Un automne jonché de taches de rousseur,
Et vers le ciel errant de ton œil angélique
Monte, comme dans un jardin mélancolique,
Fidèle, un blanc jet d'eau soupire vers l'Azur !
— vers l'Azur attendri d'Octobre pâle et pur
Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie
Et laisse, sur l'eau morte où la fauve agonie
Des feuilles erre au vent et creuse un froid sillon,
Se traîner le soleil jaune d'un long rayon.


1 Si certain-e-s parmi vous ont lu et aimé Le rivage des Syrtes de Julien Gracq, La grande peur dans la montagne de Charles-Ferdinand Ramuz ou Le chant du monde de Jean Giono, alors ils savent ce qu'il leur reste à faire...
2 Le 25 septembre dernier a paru le second tome des chroniques taurines de Robert Marteau : Entre sable et ciel. Toros, toreros, toreo, Éditions Mémoire Vivante, 2010.

Image © Mémoire Vivante