14 février 2013

De la chevalitude en Roumanie


Dans une déclaration concernant l’affaire du « chevalgate » ou du « lasagnegate » — vous choisirez —, José Bové, qui a un avis sur toutes les questions, laissait sous-entendre il y a quelques jours qu’une modification du code de la route roumain interdisant les charrettes de circuler serait à l’origine de l’extermination actuelle des équidés roumains, que l’on pense avoir retrouvés éparpillés entre deux couches de pâtes et trois fragments de bœuf.

L’affaire, qui fait hennir de rage nos voisins britanniques, devrait au contraire susciter l’enthousiasme des aficionados a los toros s’il s’avérait que le Captain America de l’OGM eût dit vrai.

En effet, comment ne pas voir dans cette affaire la chance inespérée pour l’Aficíon de redonner du panache et de l’action à la corrida, que tous les observateurs avisés considèrent engagée sur la pente glissante de l’art pour l’art et du G10 aux petits oignons. La corrida se doit de retrouver ce soupçon — et même plus — de sauvagerie et d’inquiétude qui fait d’elle ce qu’elle est. Les démarches engagées depuis maintenant une dizaine d’années par diverses cuadras de caballos sont un premier pas vers ce mieux que nous appelons de nos vœux, mais il faut faire encore plus !

Les canassons roumains sont devenus inutiles ? Les routes roumaines ont enfin des lignes blanches ? Le peuple roumain connaît enfin la joie du radar fixe ? 

Qu’à cela ne tienne, envoyez-nous vos chevaux, frères roumains et latins, rossinantes, haridelles, bidets, rosses et même poneys, on prend, on achète, on délocalise ! Frères roumains, c’est vers la gloire et le sacrifice — l’un va rarement sans l’autre, tu en conviendras ô brother – que nous les conduirons, au centre d’un rond qui fera leur éternité, leur légende. Car c’est bien de cela qu’il s’agit ! 

Ton cheval, ô Roumain, va sauver la corrida. 

Avec lui, plus besoin de peto, parce que tant qu’à finir en lasagne, pourquoi pas en saucisse ? Venez ô chevaux roumains ; franchissez les frontières, qui n’existent plus, par milliers, par millions ; délaissez vos charrettes ; ne vous retournez pas, c’est une nouvelle vie — et la gloire… peut-être — qui s’offre à vous.

Amis Français, copains Espagnols, imaginez ! 

Imaginez ! 

Un flot ininterrompu de bourrins faméliques, un stock sans fin lamentablement abandonné par une loi inique : imaginez ces tiers de piques sans chichi, sans fioriture, sans tricherie. Plus de peto ! Le cheval dans son jus, la tripe aux quatre vents. 

Ah, elle aurait plus de gueule notre corrida cellophane ! 

Cheval roumain, Schengen est à toi, profites-en, Céret t’attend !