22 avril 2008

Velonero a dit


Dans la préfecture des Landes, prétendre que la suerte de vara fait débat serait aller un peu vite en besogne, mais on en parle et c’est déjà ça ! À l’automne dernier, dans Vous la voulez comment votre Madeleine ? (désolé si des liens restent désespérément fermés), j’avais dit tout le bien que je pensais d’un édito de la Peña Escalier 6 intitulé Madeleine 2008 sera torista... (cliquer sur "L’Humeur de la Peña" puis sur "Archives des humeurs – 2007"). Influence de l’air océanique ou conséquence du suffrage universel, toujours est-il que le mauvais temps semble s’être de nouveau installé durablement au-dessus du Plumaçon, alors qu’un timide mais prometteur avis d’éclaircie tentait d’assainir et de réchauffer l’atmosphère.

Au confluent de la Douze et du Midou, les nouveaux "responsables" de la question taurine souhaitent marquer de leur empreinte le mandat qui s’offre à eux. Et vite. Ambition légitime pour de simples mortels... Les voici donc qui s’activent les méninges en planchant avec ardeur sur un sujet dont, paradoxe ultime, ils se foutent royalement : les piques. Quitte à s’emmerder, autant s’emmerder sérieusement ! Ces forts en thème, ces cracks de l’éthique, ces as de l’art tauromachique et de la pique sont également de brillants matheux qui ne se sont pas contentés, eux, comme tant d’autres moins doués, de balancer le résultat et de l’appliquer (ou vice-versa) avant de rédiger un simulacre de démonstration... La leur, par un subtil mélange de rigueur et de clarté, impose le respect, et ce même si dans un souci de lisibilité bien compréhensible, je n’ai pas cru utile d’y faire figurer les nombreux et complexes calculs intermédiaires, certes nécessaires dans l’optique d’une démarche scientifique mais pas indispensables, pour un public de béotiens, à une bonne appréciation du travail de réflexion engagé.

Le problème ? Redoutable... et inventé de toutes pièces :
Lors d’une corrida, quel sera le nombre total maximum de piques sachant que, exception faite d’éventuels sobreros, chacun des 6 toros recevra 1 pique ? On entend par "pique", toute action du picador, sans limitation de durée, au cours de laquelle le fer de la pique rentre en contact avec le cuir de l’animal. Ainsi, toute rectification vaut une pique.

... Mais les Mous-du-Moun, c’est leur doux nom, ont, vous disais-je, trouvé la solution (fictive) :
Chaque toro recevant 1 pique, nous sommes tentés d’écrire, provisoirement et sans rien présager du résultat définitif, l’égalité et la phrase-réponse suivantes : 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 = 6, ou le nombre total maximum de piques pour 6 toros. Nous pouvons également exprimer cette assertion avec l’opération qui suit : 1 x 6 = 6, ou 1 pique répétée 6 fois est égale à 6 piques, nombre total maximum de piques. Étape importante, l’opération inverse permet de vérifier le résultat ainsi obtenu : 6 ÷ 6 = 1, ou un nombre total maximum de 6 piques partagé entre les 6 toros équivaut à 1 pique, c’est-à-dire que chaque toro recevra bien 1 pique. Enfin, une ultime hypothèse — chère à nos yeux, la pique étant un pensum dont nous nous passerions bien volontiers, mais nous nous égarons, sortant là du cadre de notre raisonnement... — nous autorise à confirmer de façon certaine, si besoin était, la justesse et la pertinence de notre démonstration mathématique en laquelle nous fondons beaucoup d’espoir : si au moins 1 toro sur les 6 ne reçoit pas de pique, seuls 5 toros prendront 1 pique, ce qui revient à soustraire 1 pique (ou 2, ou 3, etc., si l’hypothèse porte sur 4 ou 3 toros piqués, etc.) au nombre total maximum de piques précédemment trouvé, à savoir 6 : 6 – 1 = 5, 5 (ou 4, ou 3, etc.) devenant dans ce cas précis le nombre total maximum de piques, et 5 (ou 4, ou 3, etc.) étant inégal à 6, CQFD.

Vous, je ne sais pas, moi, j’en reste coi... Mais venons-en à l’essentiel et au sérieux, au bien senti et à l’intelligent ; je veux parler de la réponse faite à ces zozos par Velonero sur son blog L’Œil Contraire... et grand ouvert. De la farce tragi-comique montoise, il en a tiré Pour les deux piques, un papier électronique à lire sans tarder, pour le plaisir, pour la sagacité du propos, pour l’afición tout simplement. Merci à toi que je ne connais pas. Un abrazo.

En plus Consulter Sobre la necesidad del tercer puyazo (Joaquín Vidal) & Ce Moun tant déficitaire (ANDA), celui-ci publié ici-même le 11 avril dernier.

Image Pour un picador, bien choisir sa vara c’est important (encore qu’à Mont-de-Marsan...) : Israel de Pedro à Las Ventas © Manon