
"
Ni una..." L'exploit, l'espoir, le
campo en su ley ! Il y avait cette crainte tue d'en trouver partout, l'angoisse d'une chappe de plomb résinée qui s'abattrait sans nuance sur un des plus beaux paysages taurins d'Espagne. Il y a des
fundas au Campo Charro, mais seulement dans les grandes écuries, en particulier chez les frères Fraile, exception faite de Juan Luis. Il y a eu des
fundas chez Francisco Galache Cobaleda. Aujourd'hui, elles ne sont qu'un mauvais souvenir pour le
ganadero qui mène séparément deux
encastes : Vega-Villar par Encinas et Urcola. Deux
encastes qui se vendent mal, deux
encastes que les matadors évitent de croiser sur leur chemin de gloire ou d'anonymat. C'est ainsi, le
campo regorge d'histoires d'élevages et d'
encastes qui agonisent et meurent étouffés par le mépris et l'ostracisme d'un monde taurin tout entier tourné vers l'idéal du "risque zéro", ridicule porte d'entrée pour la corrida du zéro total. Francisco Galache Cobaleda a tenté l'expérience des
fundas parce que ses
toros ont tendance à se mettre des peignées et à s'abîmer au
campo. Pendant une année, il a recouvert les cornes de ses animaux
de saca de cette résine qui "jaunie dans l'attente" et un jour, il a enlevé les
fundas. Il n'a pas recommencé cette année. C'est le premier qui l'avoue. En ôtant les
fundas des
toros d'
encaste Urcola, il s'est rendu compte que celles-ci avaient rendu la corne beaucoup plus poreuse et plus molle. "
Como mantequilla" nous a-t-il avoué. C'est le premier qui nous le dit. Selon ses explications, les
toros d'Urcola ont des cornes beaucoup plus grossières que ceux de Vega-Villar. A regarder de près, il est certain que les
pitones Urcola sont assez gros à la base et évoulent vers des types
astinegros qui manquent parfois de finesse à leur extrémité. La corne du Vega-Villar est plus fine, moins grossière et tire beaucoup plus vers l'
astiblanco et l'
astifino. Et si l'on voulait chipoter encore, il faudrait relever qu'il existe, au sein de l'
encaste Urcola, des différences entre les
negros et les
colorados qui, eux, présentent des cornes plus fines. Toujours est-il que Francisco Galache a fait le constat que les
fundas abîmaient l'intégrité et la dureté des cornes des Urcola. Il semblerait donc que certains sangs réagissent très mal à la pose de ces
fundas (ça rassure de savoir qu'il existe encore des
encastes divers et variés mais ça inquiète pour l'avenir de ceux qui réagiront mal à la pose de ces
fundas...), ce qui n'est pas surprenant tant le taureau de combat est et doit être synonyme de diversité. Afin d'en savoir plus sur le sujet, nous avons joint le vétérinaire et éleveur Adolfo Rodríguez Montesinos. Celui-ci a tout d'abord confirmé ce que nous écrivions il y a quelques semaines concernant la vraie utilité des
fundas : elles ne servent qu'à éviter à un éleveur de perdre trop de
toros lors de
peleas au
campo. C'est tout, c'est leur fin principale. Il nous a ensuite éclairés sur l'état des
pitones au moment de l'enlèvement de la
funda. Selon lui, une fois la capote enlevée, la corne présente une structure molle assez proche de l'état d'un ongle qui aurait passé quelques jours sous un pansement. Il lui manque de la rigidité, de la dureté. Seulement, a-t-il ajouté, au contact de l'oxygène, la rigidité reviendrait très rapidement (24heures) et la corne reprendrait son aspect et sa structure normale.

Cela va dans le sens du constat de Francisco Galache Cobaleda même si l'éleveur a constaté que la fragilité dûe aux
fundas était constatable, et constatée par lui, sur un plus long terme; les
toros s'abîmant plus facilement les
pitones en tapant contre les
burladeros. Dans l'idéal, il serait passionnant que des vétérinaires aficionados se penchent sur une étude sérieuse et affinée des effets des
fundas en fonction des
encastes des
toros de lidia. Dans l'idéal aussi, un idéal aficionado évidemment, il serait extraordinaire que tous les
ganaderos se mettent à concevoir l'élevage de
toros comme le fait Miguel Zaballos qui, sur le sujet des protections des cornes, reconnait l'utilité pour le
ganadero (éviter les
cornadas lors des
peleas) mais se refuse à les utiliser car, affirme-t-il, les
peleas de
campo font que le taureau de combat est un taureau de combat ; elles sont, déclare-t-il, "
un mal nécessaire".
Photographies Toro de Francisco Galache Cobaleda d'
encaste Urcola &
toros de Francisco Galache Cobaleda (gauche : Urcola/droite : Vega-Villar) © Camposyruedos