Quand les six soeurs de « Tomate » ont chanté, tous se sont arrêtés et José le sorcier s'est mis à danser. Mille fois il a frappé, et les terribles démons se sont réveillés. Quand les six soeurs de « Tomate » ont chanté, le feu a jailli de son ventre et son corps s'est embrasé. Ces gens du nord qui ne te connaissaient pas ont pleuré. Ils ont entendu le cri puissant de tes fils, Almería, et vu le sorcier devenir soleil. Il aurait voulu frapper et frapper encore jusqu'à ce que son sang devienne source et le libère de sa terrible folie, mais quand les six soeurs de « Tomate » ont chanté, toute son âme racontait les rues d'Utrera, la douce Rosa et la mort aussi. Qu'il était triste le chant funèbre, qu'il était beau, Almería, terre gitane où les enfants naissent pour pleurer, et toi, Tomatito, tú que te vas por Soleá, égraine les compas comme la Pepa sème les graines. Dans ton incantation vertigineuse, raconte-nous encore une fois la splendeur des palais mudéjar, le scintillement cristallin du petit ruisseau tout là-bas, et la media veloutée de Curro ou Paula. Réveille ton peuple de poussière et laisse chanter tes six soeurs pour lui, Tomatito, et que ta terre te pleure, de Gibraltar aux déserts d'Egypte.
Quand tes six soeurs ont chanté, « Tomate », c'est la mort qui s'est mise à danser, et toi tu lui souriais.
Almería écoute moi. Laisse-les hurler, les six soeurs de « Tomate »... Laisse-les encore un peu, qu'elles nous racontent encore une fois ton peuple de poussière, la mort qui danse au milieu et cette glorieuse terre gitane où les enfants naissent pour pleurer. Tomatito, fils d'Almería, tu es un Géant.
El Batacazo
[Guitares : le grand Tomatito & El Cristi / Percussions : Lucky Losada / Chant : Simón Román & Morenito de Illora / Danseur : le divin José Maya]