26 août 2011

« Voyage, voyage »


Pour ceux que cela  intéresse, la "traditionnelle" corrida d’Alcurrucén de Cenicientos a donné ceci : 6 toros 6 très bien présentés.
Les toros sortis en premier, second et sixième étaient (à mon sens) trop chargés en poids. Tous très armés et endurants, trois colorados, deux negros mulatos et un negro bragado. Désordonné, court et violent le premier. Brave mais court et s’avisant le second. Très brave le troisième assassiné. Manso et arrêté le quatrième. Mansote puis avisé le cinquième. Soso le dernier.
Chez les toreros : Joselillo mal et très mal ; Castaño sur la réserve sans trop de moyens et Javier Herrero s’en sort bien malgré le massacre du premier et une débâcle à l’épée à son second.
Suffisamment solides pour recevoir 9 gros puyazos, parfois interminables, 4 puyas et 3 refilones.  Le public a beau protester, et Dieu sait s’il manifeste, rien n’y fait... La consigne est claire : "¡¡¡Dale!!!" , et donc le picador franchit les lignes d’un pas lourd et c’est le carnage. Mais les gens gueulent, et depuis 1997 je les ai toujours entendus gueuler !!! Impossible de s’ennuyer même avec cette chaleur.
Le troisième toro, numéro 45, 'Amoroso', negro mulato, de novembre 2006, bouffe une grosse carioca d’entrée. Comme il est brave... il pousse... direction les planches... il pousse toujours le cheval... contre les planches bien sûr... Le public s’énerve, les monosabios s’emploient au cheval depuis le burladero, Javier Herrero (de turno) attend. 'Amoroso' est brave... Deuxième pique, ça pousse, on se retrouve au centre, 'Amoroso' prend le cheval au poitrail et le fait reculer sur cinq mètres, puyas traseras bien sûr.
Le système est le plus fort. Cette saloperie de système qui impose le massacre au cours de ces tercios de piques absurdes, absurdes dans les arènes où l’on ne pique plus, comme dans les arènes où l’on pique mal. Absurdes de Béziers à Bilbao. Absurdes, tout le monde est d’accord là-dessus mais les décideurs ne décidant rien ni à Béziers ni à Bilbao... on est dans la merde du nord au sud et d’est en ouest, à quelques exceptions près.
Et si, dans cette absurdité officiellement admise par les décideurs responsables qui ne veulent rien décider, je dois faire un choix... je choisirai alors le lieu où les toros qui font encore peur se font massacrer au milieu de l’indignation populaire plutôt que d’assister aux six demi-piques données à des saucisses qu’il faut rafraîchir toutes les trois passes dans l’indifférence générale. Triste choix.

De nuages en marécages
De vent d'Espagne en pluie d'Equateur
Voyage, voyage
Vole dans les hauteurs
(Desireless)

Mario Tisné

>>> Retrouvez une galerie consacrée à cette corrida d'Alcurrucén sur le site www.camposyruedos.com, rubrique RUEDOS.