
Tenez, prenez par exemple cet extrait d’article signé Alain Rémond pour l'hebdomadaire Marianne. C’était à l’occasion du salon de la photo. Lisez plutôt : « Afin de pourfendre les photos floues, les boîtiers sont truffés de capteurs gyroscopiques qui détectent les tremblements, stabilisent les optiques et corrigent les tressaillements du photographe. De plus, la sensibilité toujours croissante des capteurs de lumière (3200 ISO aujourd'hui) contribue aussi à réduire la durée de la prise de vue (vitesse d'obturation) et donc les risques de flou. Et ça, visiblement, c'est un progrès. Vous voulez que je vous dise ? Je suis consterné. Grâce aux progrès du progrès, il va devenir impossible de faire des photos floues. Or, le flou, c'est ce qu'il y a de mieux dans la photo. Le flou, c'est la vie. Le flou, c'est le mouvement. Le flou, c'est la poésie. Tout le monde fait des photos nettes. Des photos impeccables, bien dégagées sur les oreilles. Mais où est le mystère, dans une photo nette ? Hein, où ? Alors que le flou, c'est la porte ouverte à l'imagination, au rêve, au fantasme. Le flou, c'est fou ! Il faut le clamer haut et fort : c'est une déplorable habitude que de balancer à la poubelle les photos floues. »
Oui, certes, à condition de le maîtriser un minimum le flou, de savoir où, quand et comment on veut l’utiliser… Mais c’est effrayant ça de se dire qu’à l’avenir les nouvelles technologies nous interdiront le flou, le bougé. Le photographe n’aura donc même plus la possibilité, en conscience, de rater ses photos. Terrifiant.