Ce que guette et juge en premier lieu l'aficionado a los toros ? La représentation, figurée ou abstraite, du toro* dans le rectangle de papier : à Arzacq, l'animal est tout bonnement caché, absent — rien d'anormal s'agissant d'un festival ; à Séville, il est (dé)coupé, disséminé pour finir renversé avant même d'avoir été tué — en cela ce cartel constitue bien une image fidèle de l'idiosyncrasie (hi hi) andalouse en matière de toros ; à Saint-Martin-de-Crau, l'auteur a tant cherché à le mettre en valeur (dans le viseur, une silhouette noire sur fond blanc poussant l'imposante cavalerie — un genre d'autocollant) que l'on peut ne pas aimer ce dessin aussi lisse et appuyé que platement "emballé".
Lors d'un récent communiqué, le Club Taurin Vicois a divulgué le nom du plasticien chargé de réaliser l'affiche 2010 de la féria. Peintre et sculptrice installée dans les Landes, j'imagine volontiers Lydie Arickx — puisque c'est d'elle qu'il s'agit — dessiner, gommer, mélanger, appliquer, laisser couler, essuyer, frotter, râler, boire un café, cogiter, "en remettre une couche", gratter et mélanger encore... La quête d'une vérité ; une peinture du doute, dirons-nous.
Les Gersois dévoileront leur commande à la fin du mois ; d'ici là j'ai bon espoir d'apprécier (enfin ?) une affiche vicoise violente et tourmentée, puissante et... encastée ? A ver... Le doute, toujours ; la quête d'une vérité, dirons-nous.
* Les réussites existent où le toro brille par son "absence".
Image Lydie Arickx dans son atelier d'Angresse, avec l'aimable autorisation du photographe © Ivan Terestchenko (voir également son blog : http://itopus.blogspot.com/).