Suite et fin de « Juin 1933, Le Toril » et de « Des carcasses de poids ».

Dans un autre dico2, un cadet de Popelin, Pierre Mialane, n'a pas dû trop se creuser les méninges pour pondre son article, un copier-coller étoffé de la définition sus-citée : « Au poids en canal, il convient d'ajouter environ 40 % pour avoir approximativement le poids en vif. Ce petit calcul mental permet parfois de constater que le poids annoncé en vif est pour le moins fantaisiste. […] Ainsi un toro pesant 350 kg en canal […] pesait 490 kg à son entrée en piste. » Ah bon ? Pour avoir à ma disposition les poids « en canal » des Palha lidiés à Azpeitia le 31 juillet 2007, inutile de vous prévenir que la fantaisie ne se niche pas toujours là où l'on croît, car si le lot marqué du P surmonté de sa croix affichait un poids moyen « en canal » de 288 kilos, j'ai peine à croire que la moyenne dudit lot en poids vif ne dépassait pas les 405 kilos !
Dans un tout autre genre, j’ai déjà eu l’occasion de lire ici même, sous la plume de Laurent Giner — si les preuves sont accablantes3, les chiffres, eux, sont têtus —, que « le poids en canal pour le toro de lidia était, il y a peu, de 50 % du poids vif »… L’argumentation reposant sur « l’évolution depuis 15 ans du physique du toro de combat » — poids « déporté sur l’arrière-train » de l’animal, celui-ci perdant ainsi « de sa superbe et de son port de tête altier afin de mieux pouvoir la baisser » —, est-ce à dire que le lot de Miura de 1983 (voir Des carcasses de poids) ait pu afficher un poids vif moyen de 684 kilos ? Ou que le plus léger des novillos de 1933, au poids « en canal » de 260 kg, ait pu en peser 520 ? Et que le plus lourd de ces novillos ait pu en accuser 80 de plus !? Devait pas faire bon être novillero en ce temps-là…
Enfin, le « meilleur » pour conclure : cet été, Isa du Moun, membre actif du forum La Bronca, divulgua gracieusement, via l'organisation vicoise, les « poids en canal » (sic) des novillos et toros lidiés lors de la dernière Pentecôte. Où j'appris, ébahi, que les carcasses des novillos de Flor de Jara allaient de 460 à 545 kg ; que celles des toros de la corrida-concours affichaient des poids compris entre 478 (Victorino Martín) et 642 kg (Miura)4… et tout le reste à l’avenant, avec, en prime, cette phrase finale tout bonnement hallucinante : « Le poids en canal représente 50 à 55 % du poids vif. » Bigre ! Et la calculette me tomba des mains.
Décidément, entre Vic et la bascule, c'est plus que jamais je t'aime… moi non plus.
1 À moins qu'il ne s'agisse d'un ajout de Yves Harté à l'édition originale de 1970 ? Ne la possédant pas…
2 Robert Bérard (sous la direction de), La Tauromachie, Histoire et dictionnaire, Éd. Robert Laffont (coll. Bouquins), 2003, p. 351.
3 Lesquelles ? Je suis prêt à tout entendre, mais force est de constater que, dans ce domaine comme dans beaucoup d'autres, le fantasme le disputant à la fantaisie (encore elle), actuellement, seules des données chiffrées collectées à différentes époques nous permettent de comparer. Au fait, qui cela intéresse-t-il ?
4 Je me permets de préciser, après coup, que les Vicois ont bien évidemment estimé et communiqué le poids vif à partir du poids « en canal » fourni par l'abattoir. Ça va mieux en le disant.

Images Francis Bacon / Figure with Meat, 1954 © Art Institute of Chicago ● Chaïm Soutine / Pièce de bœuf, 1923 © Collection privée, en prêt à la National Gallery of Art, Washington, DC