08 décembre 2008

ANDA...


La disparition de l'ANDA ne changera pas le panorama taurin français. Nous l’avons déjà écrit. Juste un petit caillou de moins dans les souliers de quelques-uns.
A l’occasion de son départ, l'association a décidé de ne répondre aux questions que de quatre médias, Toros, Jacques Durand pour Libé, Toro Mag et Camposyruedos.
Laurent Giner, sur la photo, campera, avec le mayoral de Pablo Mayoral, étant un ami de plus de vingt ans il ne fut pas compliqué de se retrouver, avec Joël Bartolotti, dans un restaurant nîmois du centre-ville pour tenter de se donner quelques explications.
Ce fut aussi l’occasion de se régaler d’une petite merveille de notre Languedoc, un pur cinsault, élevé par Xavier Braujou, jeune et talentueux vigneron de Saint-Jean-de-Fos, tout près d’Aniane.
Il en va finalement des cépages comme des encastes. Certains n’ont plus la côte, ou ne l’ont jamais vraiment eu. Et il faut toute la décision et le talent de quelques amoureux de leur terroir pour arriver à les mettre ainsi sur le devant de la scène. C’est le cas de ce « Pradel » du domaine La terrasse d’Elise.
Hasard des circonstances, mais peut-être pas, Xavier fit ses études avec un certain Olivier Riboulet… lui aussi attaché à sa terre. Nos cercles souvent se recoupent.
Pour Laurent Giner, ultime président de l'association, le cercle est brisé, et le motif principal de la cessation d'activité n'est pas cornélien à déterminer. La diminution chaque année plus importante du nombre d'adhérents avait fini par faire de l'ANDA un groupement qui pouvait difficilement revendiquer désormais l'appellation de « Nationale ». En conséquence de quoi il fut décidé de mettre un terme à la vie de l'ANDA, en sursis depuis déjà quelques saisons.
Si le motif de la dissolution est aisé à appréhender, les raisons profondes de cette fuite des cerveaux le sont bien moins. Et les explications ne sauraient être aussi simplistes que l’hypothèse stupide qui prétend tout expliquer en attribuant ce résultat final aux seuls agissements de la dernière direction.
L’amaigrissement des effectifs ne date pas d’aujourd’hui. La baisse était constante et régulière depuis le début des années 1990. Elle ne fut jamais enrayée.
Laurent Giner reconnaît que le système de cooptation pour intégrer l'association n'était pas de nature à la faire se développer de façon spectaculaire. De même, dans les réunions locales, représenter une entité qui était la seule à refuser, par principe, invitations et privilèges n'était pas non plus la chose la plus attractive qui soit pour attirer d’éventuels nouveaux membres.
Et puis, il y a aussi l'air du temps. Le militantisme, pas seulement taurin, n'est plus guère à l’ordre du jour. Les choses, aujourd'hui, sont plus influencées par ce qui se passe sur le Net que dans la rue, en distribuant des tracts. On peut s'en féliciter, ou en grincer des dents, c'est ainsi. Alors, freiner des quatre fers sur la question c'est à peu près aussi productif et pertinent que de pester après le temps qu’il fait. Et ce virage de l'Internet, l'ANDA n'a sans doute pas su le prendre.
A ce stade du bilan, il est impossible de ne pas souligner que l’ANDA aura été la seule entité nationale à ne pas adhérer à l’OCT. Sur ce point, Laurent Giner est extrêmement clair. L’OCT a été considéré comme une bonne chose par l’immense majorité des membres de l'ANDA. Mais c’est la personnalité de son inénarrable président qui fut à l’origine de la non adhésion.
« Les choses ont commencé avec l’Appel de Samadet. Ce n’était pas grand-chose l’Appel de Samadet, il n’y avait pas de réelles conséquences, mais je considérais que nous nous devions de répondre présents. Je n’ai pas eu d’hésitation. Mais déjà la personnalité d’André Viard suscitait quelques craintes chez certains. J’étais à l’époque en contact avec le Président de l’Association française des vétérinaires taurins (AFVT) et avec celui de la Fédération des sociétés taurines de France (FSTF). Tous les deux étaient très méfiants et hésitaient à se lancer avec Viard. Nous nous sommes concertés avant d’accepter. Cette signature de l’Appel de Samadet m’a d’ailleurs valu une assemblée générale très agitée ! Ensuite, lorsqu’est arrivée la création de l’OCT, les agissements en tous genres de son président étaient déjà trop sulfureux pour que nous envisagions une adhésion à cet organisme. Mais je te le répète, l’OCT est une bonne idée, c’est le cerveau le problème… »
L’ANDA n’est plus. Il restera le souvenir de ses diverses actions, sa banderole jaune, ses tracts verts, ses inoubliables soirées de Castelnau-le-Lez et ses palmarès.
La chose peut sembler anecdotique mais la disparition du palmarès de fin de saison va se faire cruellement sentir à l’heure où le système général se dirige allègrement et assez unanimement vers des distinctions très pommadées et politiquement trop correctes pour être pertinentes ou significatives. La fédé va devenir la seule entité d’importance à encore oser pointer du doigt ce qui peut ne pas aller ou ce qui fâche.
Elle a d'une certaine manière commencée à en connaître le prix et à en payer les frais avec sa mise à l'index de l'indulto d'un toro non piqué. Les bien-pensants, les dogmatiques du politiquement correct et les tenants de l’hygiénisme de circonstance ne se sont pas fait attendre pour grincer bruyamment des dents et aboyer.

A propos d'indulto, voici venu le moment d'évoquer la mémoire d'un ancien Président de l’ANDA, Christian Gibelin, aujourd’hui disparu. Il était assesseur de la présidence nîmoise pour le premier indulto français "d'importance", celui d’un novillo nommé 'Peleón' portant le fer de María Luisa Domínguez Pérez de Vargas, et frère d’un autre 'Peleón', gracié à Ronda par José María Dolls Abellán, « Manzanares », le père.
'Peleón' donc, à Nîmes, un novillo quelconque mais frère de l'autre et une mayonnaise montée depuis le callejón par Simon Casas himself, le premier scandale.
Christian Gibelin, piégé, se lève, et abandonne sa place, laissant l’élu municipal et son comparse face à leur irresponsabilité et leur servitude. De toute façon l’histoire a oublié leurs noms. Dans les gradins, pas encore désertés par les aficionados, la colère était sourde et les « Casas démission ! » bruyants et énervés. Ce public nîmois de 1991 était visiblement moins décérébré que celui de Dax en 2008, et un président de l’ANDA avait eu les couilles d’exprimer très publiquement son désaccord. Ce n’est pas donné à tout le monde. Autres temps, autres mœurs, me direz-vous. Peut-être, mais c’était aussi cela l’ANDA. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Et c’est peut être, au bout du compte, la seule explication qui vaille.

Sur la photo les Présidents de l'ANDA : Francis Fabre, René Berlandier, Mario Tisné, Robert Régal et Laurent Giner. Manque évidemment Christian Gibelin. Et le site de l'ANDA, c’est par là…