Bon, c’est sûr, l’émotion passée, elle risque fort de vous demander où vous avez pêché ça ! Pas de panique, plusieurs solutions s’offrent à vous. Avant toute chose, gardez votre sang froid, même si ça bout "un peu beaucoup" à l’intérieur. Aussi, dans — presque — tous les cas, ne soyez pas ballots, assurez-vous que votre bien-aimée ne consulte pas régulièrement Campos y Ruedos ! :
1/ « Une feuille, un stylo, du temps, beaucoup de temps... » C’est un poil laborieux, ça manque un chouïa de poésie (bizarre ?), mais vous lui avez consacré du temps, alors...
2/ « L’inspiration, ça ne s’explique pas, tu sais, c’est comme l’amour... » Des qualités théâtrales et littéraires certaines, voire un gros sens de l’humour, ne seront pas de trop ! L’éclat de rire collectif devrait tout balayer... Restez malgré tout sur le qui-vive, on ne sait jamais avec elles... Popopopopop...
3/ « C’est en réécoutant Camarón de la Isla, l’autre jour à la médiathèque*. Je pensais à toi... » Bon, elle n’ira pas vérifier mais, en plus des conditions précédentes, vaut mieux être un très bon hispanisant plutôt qu’un piètre germaniste ; avoir la réputation de traîner souvent à la médiathèque, c’est bien, mais pas nécessaire d'en détenir la carte non plus. Si vous rentrez dans les critères, cette option a son charme.
* Existe aussi la variante du Supplément d'El País que tonton Roger a récupéré... Ça me paraît compliqué et hasardeux, n’est-ce pas ?
4/ « Euuhh... J’t’en pose des questions ? Chuis allé sur Campos y Ruedos au boulot ! » Non, non, non et non malheureux !!! On respire un grand coup, on se reprend et on oublie la 4, OK ? À moins que...
J'arrête là mes vulgaires palabres, place à ces coplas flamencas tan bonitas :
C’est sûr, ton père devait
Être un fameux confiseur
Pour donner à tes lèvres
Ce goût de caramel.
Sin duda tu padre / Fue confitero / Te hizo los labios / De caramelo
Écoute, tu es si belle
Que le croque-mort
En te voyant
Jette sa bêche en sanglotant.
Mira si tú eres bonita / Que hasta el mismo enterrador, / Al mirar aquella cara / Tiró la azada y lloró
Cet amour que nous vivons
Va faire un jour plus de boucan
Qu’un tremblement de terre.
Este queré de nosotros / Ha de meté más ruío / Que un día e terremoto
Coplas tirées de : La poesía flamenca lírica en andaluz, por J. M. Pérez Orozco y J. A. Fernández Bañuls, Ediciones del Ayuntamiento de Sevilla, 1983.
Coplas traduites de l’espagnol par Martine Joulia.
Image Le guitariste 'El Piyayo' 1866-1940 © Je me consume 2, Coplas flamencas, Traduction Martine Joulia, Présentation Jean-Yves Bériou, Collection Antoine Soriano, Paris-Barcelone, 2001.