
"Saluons en revanche la superbe présentation de l’ensemble du lot, du petit mais très armé animal d’ouverture à l’imposante carcasse sortie en dernier." J’ai du mal à comprendre ce que l’on peut saluer dans cet incertain méli-mélo de novillos. Les cornes ne font pas le trapío et ne doivent pas cacher d’autres défauts. Ainsi, le premier avait à peine le physique d’un becerro et dépareillait déjà dans les corrales. Le second, applaudi à son entrée en piste comme le fait remarquer notre sémillant chroniqueur, était laid et affublé d’une épine dorsale en montagne russe... On aurait dit qu'il avait été fabriqué avec un rabot peu soucieux du détail et de la beauté des lignes (photo du haut). Le dernier était le plus beau des atanasios, haut sur pattes mais avec de l’allure, trapío qui se confirma d’ailleurs aux piques puisqu’il fut le seul à montrer fijeza et envie. Le lot était donc desigual voire même très critiquable par moments mais il est vrai que la camada doit être très courte, et surtout que le public est resté les yeux accrochés aux défenses de ces novillos, tous armés vers le haut, pour certains en pointe. Cependant, et je comprends tout à fait que notre sobrero de la plume n’ait pas osé l’écrire (ce n’est pas la tradition de la maison qui l’emploie), certains pitones étaient franchement abîmés pour ne pas dire suspects. Ainsi, ce cinquième qui n’aurait jamais dû sortir dans le ruedo de Morlanne (escobillado dès sa sortie en piste, cf. photo de droite), ainsi ce sixième qui s’abîma bien vite les pinceaux au cours de sa lidia. Mais ceci ne s’écrit pas, quel intérêt ? On ne parle pas non plus des tercios de piques dans ces reseñas où le seul objectif est de limiter au maximum la critique. Sur une trentaine de lignes, l’auteur n’utilise qu’une fois le mot de pique pour évoquer la belle charge et la poussée du dernier animal. Dans l’ensemble, les Scamandre furent décevants au tercio de piques, par manque de bravoure (tête en haut, cabeceando...) pour certains mais aussi par manque de force pour d’autres comme ce pauvre cinquième qui avait envie mais qui s’affala lamentablement sous le cheval en baissant trop la tête. De cette faiblesse intrinsèque à ce lot de novillos, nulle mention évidemment et il y aurait pourtant des choses à dire tant le lot manqua de poder, de souffle et de pattes.

Les Scamandre furent décevants pour ces raisons-là, c’est-à-dire leur manque de force, de trapío et de vraie bravoure. Pourtant, certains ont montré des envies et de belles choses lors du troisième tiers avec des têtes qui faisaient l’avion (2nd et 5°) quand d’autres posaient des problèmes intéressants à corriger sans pour autant être des tueurs-nés. C’est là que ce qu’il nomme le "sérieux des novilleros" est à relativiser tant ces futurs matadores de toros proposent une tauromachie déjà modélisée et polie, seulement apte à dessiner des passes à des animaux chargeant droit comme des trains. La tauromachie parallèle, décentrée et principalement axée sur l’esthétisme a de beaux jours devant elle. Et ce manque d’engagement se concrétise malheureusement lors des mises à mort qui pour la plupart furent catastrophiques avec une mention spéciale à El Santo qui décidément a des progrès à faire dans cet exercice difficile. La course du Scamandre a déçu car le piquant de l’an dernier fut mis en berne par une faiblesse inquiétante que le manque de trapío de ces novillos pouvait laisser présager. Elle fut également décevante car de jeunes novilleros ne veulent toréer que des carretones qui passent sans défauts... et ils sont soutenus par ceux qui rendent compte de leurs exploits dans la presse locale et ailleurs...