
C’est comme une première cigarette, la première fois la tête tourne, le corps vit différemment. Après, on s’habitue. Pour une fois, une première fois sur Camposyruedos, les mots qui suivent racontent une découverte, une rencontre. Il est rare, pour nous qui oublions si vite, de pouvoir lire une première fois, une première corrida. On s’est dit que ça serait sympa de se rappeler et d’écouter, pour une fois aussi, ceux qui viennent aux toros sans rien d’autre que leurs yeux vierges et leur tension profonde. Et si on lit bien les lignes qui viennent, l’on se rend compte que nos yeux d’habitués, de passionnés et de râleurs parfois ne sont pas si loin de ces regards émus qui n’observent finalement qu’une chose, essentielle et première : le taureau de combat.
Bilbao, samedi 16 juin 2007.
Ma première corrida est programmée. Comme toutes les premières fois qui ont ponctué ma vie, un savoureux mélange de stress, d’angoisse et d’excitation me submerge. Quelle effet cela va-t-il provoquer sur moi ?
17h30, je longe l’arène, la tête en l’air, le regard sombre... Impressionnant ! Et puis, il y a du monde ! Bientôt, les stars arrivent. Et oui, il y a des stars au pays des toros... Je l’apprends. Paraît même qu’on raconte leur vie dans la presse à potins espagnole, incroyable. J’ai retenu leur nom : Enrique Ponce, El Juli et Sébastien Castella, magnifiquement parés et gainés dans leurs dorures.
Je m’installe, droite comme un "i" sur la place qui m’a été attribuée, 3ème rang s’il vous plaît, je ne peux rien louper. J’observe, la pression monte... Une analyse sociologique s’impose à moi, au travers de la fumée des cigares, j’aperçois les éventails qui s’agitent, les boissons qui circulent, les décontractés, les guindés, les uniformisés (foulard autour du cou, signe d’appartenance à une peña haut de gamme ?) et l’ensemble de cuivres et de bois qui rythme l’arrivée de tous ces aficionados.
Je découvre enfin les hommes qui ont pour lourde tâche de laisser un souvenir agréable dans ma mémoire. Je les mitraille de mon regard, le président s’installe, me montre son mouchoir... La porte va s’ouvrir !

Voilà, je sais à quoi m’en tenir, j’ai vu, j’ai supporté. Il en reste cinq à passer. Même pas peur...
L’émotion la plus intense m’est donnée par le 4ème toro, dès son entrée en piste. Je suis impressionnée par cette couleur noire, ce corps bien dessiné, ces cornes magnifiques. Il en impose, il observe, il charge. Il fait couler mes larmes lorsqu’il met à terre le picador, sa monture et tout le toutim (par 2 fois). Respect pour mon signe zodiacal (eh oui !). Enfin un vrai combattant... J’aime ça.
Le sixième et dernier à entrer dans l’arène fait preuve lui aussi de force, de courage et d’instinct de combat... Il est superbe. Malheureusement, Castella gâche mon plaisir et ce joyau au moment de la mise à mort, juste devant mes yeux.
Ainsi s’achève ma « première fois ». Je revis le film pendant des heures et j’attends avec impatience ma prochaine confrontation.
J’ai aimé ? Oui. J’en redemande ? Oui.
Et pour ceux qui imaginent cette aficionada débutante dorer plutôt sur le sable fin... qu’ils préparent ma serviette au milieu d’une arène !
Isa
>>> Retrouvez la galerie de cette corrida sur le site à la rubrique RUEDOS.
