
La corrida-concours de Donostia a vu triompher le
toro de Guardiola Fantoni, 'Soplamucho', lidié par El Fundi. L'ensemble de la course fut très intéressant même si l'on peut considérer qu'aucun
toro réellement complet n'est sorti ce jour.
Les
tercios de piques ont retenu l'intérêt du public même si l'on peut regretter certaines très mauvaises mises en
suerte de la part de la cuadrilla de Padilla en particulier.
Sans faire ici de
reseña, retenons tout de même trois ou quatre enseignements de cette concours :
1. les
toros étaient bien présentés mais malheureusement certains ont présenté des cornes escobillées. Tout les
toros étaient dans le type de leur
encaste même si on peut considérer que le Cebada Gago paraissait un peu trop
terciado (influence Núñez).

2. Les toreros n'ont pas été à la hauteur de l'ensemble du bétail, en particulier Padilla et Barrera qui furent en-dessous de leurs deux adversaires. Certains rétorqueront que le Cebada Gago était
manso mais il avait un vrai fond de caste à la muleta qui ne demandait qu'à être conduit et neutralisé.
3. Les
toros ont tenu debout dans l'ensemble même si le Miura, 'Elegido' (620 kg), est apparu le plus faible de l'envoi. Par contre, il s'agissait d'un "bon" Miura, encasté et
bravito mais à la charge forcément amoindrie.

Le Conde de la Corte, 'Nochenegra', est sorti des
chiqueros cojo (antérieur droit) mais la présidence n'a pas répondu à une partie du public qui demandait le changement.
Le Victorino, 'Veletito', bien présenté,
cárdeño claro et
veleto, semblait avoir un défaut de vision. Il percevait très bien ce qui se passait à deux mètres devant lui mais ne distinguait que très peu les cites à distance. C'est peut-être la raison pour laquelle Padilla et sa cuadrilla ont eu tant de mal à le placer correctement au cheval. Tout cela est bien-sûr à mettre au conditionnel, il ne s'agit que d'une hypothèse.

Le
toro de Guardiola Fantoni (Villamarta), 'Soplamucho', bien présenté également,
carifosco, a montré le plus de bravoure au cheval en quatre piques poussées, s'élançant de loin. Certains aficionados considéraient à la sortie de la course que le
tercio de piques le plus intéressant avait été celui du Conde de la Corte. Certes, 'Nochenegra' s'élança cinq fois de loin et avec promptitude et
alegría, mais il ne poussa réellement que sous les première et dernière piques. Il ne montra pas la
fijeza du Guardiola qui poussa la monture tête fixe et en mettant les reins à chaque pique. C'est pour cette raison que je n'ai pas très bien compris pourquoi le président demanda une pique
al regatón pour le Conde de la Corte qui n'avait pas montré une bravoure complète.

'Hormigón', de Cebada Gago, se montra très vite
manso et le prouva lors du
tercio de piques. Il afficha pourtant une vraie
alegría aux
palos dont Padilla ne sut pas profiter lors de la
faena. Le
toro était
tardo mais quand il démarrait il y avait de quoi bien l'embarquer à condition de lui faire baisser la tête, ce que ne fit jamais le cyclone de Jerez, plus intéressé à toréer le public que le
toro.
Manso con poquita casta donc.
Enfin, le Cuadri, 'Coladero', était un
toro rond, lourd, aux traits grossiers comme c'est souvent le cas dans l'élevage de "Comeuñas". Le manque de finesse se confirma en deux piques
"regular", dira-t-on, c'est-à-dire sans grande histoire ni intérêt, et lors d'une
faena où sa charge
pastueña mais franche ne fut jamais mise en valeur par Antonio Barrera - qui était là car son
apoderado se nomme Chopera.
4. A noter le comportement décevant et incorrect de Padilla lors des
tercios de piques de ses
toros. Il s'assied sur l'
estribo derrière le cheval et appelle discrètement le
toro pour que celui-ci charge, faussant par là-même le spectacle du
tercio et ne permettant pas au
bicho de focaliser son attention sur un seul point (voir photo ci-dessous).