05 décembre 2005

Les maux bleus


Le mot du président de l'ANDA joint au palmarès de ladite association est passé quelque peu inaperçu dans leur site pourtant minimaliste... Nous vous le proposons donc ici.

Les maux bleus
Notre assemblée générale vient de clôturer la saison taurine 2005. La tauromachie vit encore, tout au moins celle que nous concevons. Cette tauromachie c’est celle où le toro est roi, où l’on a gardé ou essayé de garder intacte son intégrité. Merci donc à ces placitas citées dans le palmarès mais aussi aux locomotives que sont Vic et Céret, perdues au milieu de la ronde des grandes férias. La saison a été très moyenne voire mauvaise, aux dires de l’afición, notre palmarès en est malheureusement le reflet. Le toro, élément fondamental de la corrida, n’est que trop souvent l’ombre de lui-même. Peu de force, peu de race, beaucoup de noblesse imbécile et les résultats sont là. « Mais où sont les batacazos d’antan ? » chanterait le poète. D’un problème récurant depuis plus de 10 ans, ajoutons cette temporada la langue bleue. Un temps abattue par cette nouvelle, l’afición y a trouvé une certaine réjouissance. Nous allions enfin vivre une saison taurine différente des autres. Le problème d’épizootie décuplerait l’imagination de nos directeurs d’arènes et de leurs représentants au campo. Nous les imaginions déjà arpentant le campo salmantin pour trouver la perle rare, dans les 350 élevages à disposition, UCTL et ANGL confondues. Les vedettes qui voudraient venir se remplir abondamment les poches dans nos arènes, devraient se plier aux nouvelles contraintes du marché. Rêve utopique haut de gamme, pour aficionado lunaire. Nos directeurs d’arènes se sont jetés ensemble sur les mêmes élevages, qui font le malheur de l’afición depuis quelques années (Montalvo, Puerto de San Lorenzo, Domingo Hernández…). L’ANDA et d’autres initiés, connaissaient par avance les résultats à 98% (voir Taquill’ANDA). Les organisateurs professionnels seraient-ils moins bien informés que les amateurs que nous sommes ? Ou peut-être le choix des toros ne les intéresse pas ? Une fois encore nous les avons surestimés, mais le pire reste à venir. La fièvre catarrhale a gagné du terrain et le nombre d’élevages à disposition se réduit à vue d’œil. Peut-être, verra-t-on les férias marathon (2 spectacles par jour) se réduirent et les corridas ou novilladas de 3ème zone, aux montages douteux, disparaîtrent. Pour en terminer concernant le toro, l’afeitado se légalise, se professionnalise. Les corridas scandaleusement « tronçonnées » ont disparu. (Certains esprits fins me rétorqueront que c’est grâce à l’absence de MIURA). Plaisanterie mise à part, l’afeitado est devenu plus fin, mieux soigné afin de rester dans la norme tolérée. Pour preuve, les analyses de cornes effectuées par l’UVTF donnent une augmentation des résultats positifs sur une corne. Peut-on imaginer les barbiers ne travaillant que sur une corne ? Quant au certificat d’arreglado : il en pleut, il en pleut, il en pleut… L’effet de l’affrontement Palha-UVTF se fait sentir. Notre trait d’humour à ce sujet, dénonce bien le manque de tenue de ce "ganaduro". Il n’est nullement question de remettre en cause le comportement intéressant des toros marqués du P mais celui de leur propriétaire. João Folque se devait, cette temporada plus que toute autre, de redorer son « blason royal » terni par la dernière saison. Il s’est enlisé lamentablement avec pour couronnement une contre-expertise plus accablante que la première. La sanction mériterait d’être doublée. Pour finir cet état des lieux de la maison corrida, le livre Otros d’Emmanuel BLANC, primé en plume d’aigle ouvrira les yeux de certains réfractaires nous traitant de « pisse vinaigre ». Des produits illicites sont utilisés sur des taureaux de combat. Luis Fernández SALCEDO s’en plaignait au début des années 70. Les produits ont évolué, leur utilisation aussi. Contrairement aux chevaux de course, la viande de toro se consomme, des problèmes de santé publique sur la viande de toro ne seraient pas les bienvenus. Messieurs les organisateurs, prudence.
Laurent Giner
Président de l’ANDA