03 décembre 2008

"Dehors ! les chevaux aveugles"


« ¡Fuera los caballos ciegos! » criait une voix il n’y a pas si longtemps encore à Las Ventas (Manon / 28.11.2008). C’est un fait indiscutable, à Madrid comme partout ailleurs les picadors s'avancent en piste sur des chevaux aux yeux bandés ; certaines écuries poussant la coquetterie jusqu’à leur confectionner masques (Bonijol) et cagoules (Heyral), quand d’autres se contentent de tout ce qui semble leur tomber sous la main. Noirs, jaunes, rouges ou verts, en matière synthétique ou en coton, avec ou sans logo, Made in Spain or Made in China, seyants ou non, ces « bandeaux » assurent tous la même fonction : priver les chevaux de leur vision.

Les chevaux seraient peureux. Mince. Qu’ils aient un œil caché ou les deux, cela ne changerait rien, point. Ben voyons. Les picadors seraient rassurés. Je le suis aussi. Si les chevaux avaient l’œil gauche libre, celui-ci serait de toute façon rendu inopérant d’une manière (produit) ou d’une autre (lentille) voire... crevé ??? Quand même pas !!! Est-ce qu’éventuellement des œillères ne suffiraient pas ? Hein, j’vous l’demande. Et si on ne leur bandait pas les yeux, leur couperait-on la tête ??? T’es pas bête... Au fait, et dans les naseaux ? et dans les oreilles ? on leur met quoi ? Vous croyez qu’on les « drôgue » ?

Il y a 18 mois de cela déjà, je consacrai mon premier post à ce thème épineux. Et aujourd’hui, vu le succès intergalactique de ce blog modeste et génial qui, de la Presqu’île de Tchoukotka à l’Alaska — non, non, non, j’vous vois venir, sans franchir le Détroit de Béring ! — et des Territoires du Nord à la Terre de Feu, s’efforce de prêcher la parole du toro-toro intègre, puissant et encasté ; j’ai désormais assez bon espoir de toucher enfin du doigt un début de semblant de réponse un tant soit peu crédible.

Mais si fromages, vins et charcuteries se bonifient avec le temps, je ne suis pas tout à fait certain qu’il en aille de même pour les posts ! Qu’importe, permettez-moi de vous renvoyer de ce pas à cette prose « affinée 18 mois »... Il se trouvera bien un picador « anonyme » en retraite ou une âme charitable prête à éclairer ma lanterne ?

— Et toi, imagine, si tu devais te réincarner en animal, tu te réincarnerais en quoi ?
— Euh... En tout sauf en cheval de pique. Et toi ?
— Moi ? En 'Desgarbado'.
— Pfff, t’es trop con...

Image Caballo de picar © Manon