Ce n’est encore qu’une simple hypothèse, pas tout à fait une information, même si ça a été annoncé par le ganadero. Ricardo Gallardo, le propriétaire plus énervant que charismatique de la vacada de Fuente Ymbro l’a déclaré à Mundochoto. En 2009, une corrida de ce fer devrait fouler le sable du ruedo vicois. Une corrida entière, ou un toro pour la concours, cela n’est pas précisé. Mais il me plaît de penser et d’envisager qu’il puisse s’agir d’un encierro complet.
D’un côté, j’entends déjà quelques dents grincer d’étonnement. De l’autre, je m’imagine déjà lire la prose démagogique des quelques-uns qui ne manqueront pas d’utiliser la présence de ce fer dans le Gers pour tenter de marginaliser un peu plus encore une partie de l’afición. Vous verrez qu’ils ne s’en priveront pas. Ça n'aura aucune importance au bout du compte.
Une corrida de Fuente Ymbro, à Vic, l’idée m’enchante. Je n’écris pas que ça va sortir bien, ou comme ceci, ou comme cela. Non, je dis simplement que l’idée me ravie et qu’il sera du meilleur effet sur mon moral de voir l’hypothèse se transformer en information. Ojalá.
Le motif de mon intérêt tient à plusieurs choses mais c’est de la dernière en date qu’il me semble opportun de vous entretenir ce soir.
Madrid, octobre 2008, Miguel Ángel Perrera, seul contre six, et seul pour finir, par la porte de l’infirmerie. Dans le ruedo, un sobresaliente dont l’histoire ne retiendra pas le nom. Face à lui, un toraco de Fuente Ymbro qui aura reçu plus de ration de fer que la totalité de la course de Victorino du lendemain. J’exagère, à peine. Les images pas encore trop lointaines de ces instants me reviennent comme des photographies. Milan Kundera avait bien raison d’écrire que « la mémoire ne filme pas, elle photographie ».
Ma mémoire de ce jour-là a photographié la sale lumière de cette fin d’après-midi, un Francisco Rivera Ordóñez déambulant dans le callejón, manteau impeccablement ajusté, démarche raide et difficile, aidé d’une canne. L’Andalou suit du regard et accompagne David Saleri, le sobresaliente, tout en lui prodiguant d’inutiles conseils. La lumière est vraiment trop sale et trop faible pour espérer obtenir quelque chose de correct de là où je me trouve. Je me contente alors de regarder. Et c’est ma mémoire qui photographie, ces cornes astisfinas, luisantes ; et cette caste, émouvante. Le Fuente Ymbro malgré un châtiment extrêmement sévère n’a de cesse de charger, d’attaquer, de bouger, et tout ça sans le moindre signe de faiblesse. Plusieurs fois, le sobresaliente frôle la correctionnelle. Il voudrait bien, il voudrait tellement, mais il ne peut tellement pas. Comment lui en vouloir ? Et qui était le plus torista en ce mois d’octobre 2008 ? Ce toraco de Fuente Ymbro où la corrida de Victorino du lendemain… à peine piquée, et qui, elle, en a montré de multiples signes de faiblesse ? Alors oui, on peut espérer, pour le ruedo vicois, à six toracos de Fuente Ymbro aussi encastés et aussi puissants que ce 'Comisario' lidié à Madrid, le 3 octobre 2008, par un sobresaliente dont l’histoire oubliera probablement le nom.
La photographie qui illustre ce post est de l’ami Manon, tirée de Las-ventas punto com.