05 juin 2011

Mariano Cifuentes


D’après ce qu'il se dit, según me han dicho,  Mariano Cifuentes serait un type curieux. Avant de le rencontrer, on m’avait raconté sur lui des choses étonnantes.
D’après ce qu'il se dit, según me han dicho, Mariano accueille ses visiteurs au son de paso doble nasillards émis par le lecteur de cassettes de son 4x4. D'après ce qu'il se dit, Mariano tiente ses vaches au son de paso doble aux sonorités approximatives tout droit sortis d’une radio antédiluvienne.
A "Encina Hermosa", même la visite du campo se ferait au son de paso doble, toujours según me han dicho.

Annoncé comme ça, sans préavis ni préambule, c’est effectivement très troublant, désagréablement troublant même. On ne peut pas dire que ça mette particulièrement l’eau à la bouche. Mais il faut toujours se méfier de « según me han dicho ».

Maintenant, admettons. Supposons que le paso doble soit le côté obscur de Mariano Cifuentes. A ce côté obscur doit bien correspondre un côté lumineux. Alors disons que le côté lumineux de Mariano Cifuentes ce sera Internet, son blog Los coquillas de Cifuentes et sa page Facebook.
Ce qui ne fait aucun doute, c’est que Mariano Cifuentes est l’éleveur espagnol le plus présent et le plus actif sur le Net.

Des paso doble à toutes les sauces, un blog, une activité Facebook intense. A priori, tout ceci peut ne pas paraître aussi lumineux que cela.
Et pourtant,  grâce à ce blog, Mariano Cifuentes est apparu au grand jour, de manière totalement virtuelle, mais de façon bien plus forte qu’il n’aurait jamais pu le faire sans l’aide des nouvelles technologies.
Tout a commencé avec le "sauvetage" des Coquilla de Sánchez-Fabrés. 

Mariano Cifuentes s’est alors étonné de l’émotion suscitée chez certains aficionados par la possible disparition de cet élevage dépositaire du même sang que le sien. C’est cet événement qui a décidé Mariano à se lancer dans l’aventure Internet pour y créer son blog, et mettre en lumière et faire connaître un patrimoine génétique qui, lui, n’a rien de virtuel.

Et ça a marché. A ce jour, il n’existe pas un aficionado connecté ignorant l’existence du blog des Coquilla de Cifuentes.
Ça a tellement bien marché que les membres de la très réputée association La Cabaña Brava de Zaragoza s’y sont rendus et que, en septembre prochain, une novillada sans picadors de pur encaste Coquilla quittera les pâturages de "Encina Hermosa" pour aller se faire passer au fil de l’épée sur les bords de l’Ebre.

Ce sont donc bien Internet, les blogs et les aficionados qui sont en train de donner une seconde vie aux Coquilla de Cifuentes.

Car le côté le plus étonnant de cette histoire, c’est que Mariano possède pas moins de trois cents vaches de pure origine Coquilla sur les sept cents que compte le campo bravo espagnol. Autant dire que Mariano possède quasiment la moitié de ce qu’il reste encore de cet encaste. Et trois cents vaches, ce n’est pas rien. C’est un véritable trésor qui se trouve à "Encina Hermosa", paradis perdu, somptueux, sorti de l’anonymat par un blog. Reste maintenant pour Mariano à profiter de cette notoriété nouvelle et inattendue, et à ne pas manquer le coche.

Sinon, pour les paso doble, eh bien c’est vrai ! Nous y avons eu droit, dans le 4x4 au milieu du campo. Mariano nous a également exhibé la radio antédiluvienne qu’il utilise pour les tentaderos, mais uniquement après les piques.
Et je dois dire qu’après quelques heures passées à "Encina Hermosa", la chose ne m’est finalement pas apparue aussi désagréablement étonnante que cela, même si ça fait du bien quand ça s’arrête...
Alors oui, il se pourrait bien que Mariano soit un original, ou un farfelu. Mais c’est très bien ainsi. Mariano vit ses rêves, au milieu de ses vaches, en écoutant ses paso doble. Pourvu que ça dure, et que nous puissions un jour profiter des rêves de Mariano.

>>> Vous avez accès en rubrique CAMPOS du site camposyruedos.com à une galerie de photographies prises à "Encina Hermosa". Lien utile sur le site Terre de toros.