Dans un hôtel miteux de bord de plage, des touristes en tongs, torses nus, écarlates, vont et viennent, les pieds pleins de sable. Dans un fauteuil crasseux un apoderado aux cheveux huilés fume un cigare qui ne doit pas être un havane.
On me le présente. On me présente comme un photographe. Il a l’air de s’en foutre. Il tire sur son cigare en regardant les culs des teutonnes qui lui passent sous le nez.
Un picador est déjà habillé. Il attend dans le hall, tout seul, en observant les teutonnes rougies. Il me sourit.
Le panorama est désolant. C’est un bord de plage vulgaire d’un mois d’août déjà lointain. C'est l'été mais ça pue la misère et le mauvais goût. Ça n'empêche pas.
A l’étage, dans la pénombre d’une chambre exiguë, Ruiz Manuel attend. A ce stade je me demande ce qu’il peut bien encore attendre. C’était il y a longtemps. Aujourd’hui, Ruiz Manuel torée encore, mais peu. Et à voir certains, programmés et reprogrammés, cartel après cartel, féria après féria, j’ai du mal à comprendre que Ruiz Manuel ait disparu de la circulation. Il me reste cette photographie. La dernière fois que je l’ai croisé.