27 juin 2011

Javi


Entre les 26 branleurs de Millas et la dizaine d'apprentis apeurés par les pointes, force est de constater que le "jeune" n'a pas été à la fête ces jours-ci sur CyR. Passons un coup de fil à Céret et Parentis, on pourra rallonger la liste d'exemples pénibles, j'en suis persuadé ! (Non, j'appelle pas Klein, il va me pondre deux pages !!)
Alors le "jeune" ? C'est un branleur, par définition, parce que les filles, elles, veulent pas et qu'il sait pas trop y faire, enfin, il y a 15 ans de ça, c'était mon cas. Passons... Il y a 15 ans, j'avais vu trois tientas maximum chez Yonnet, je n'avais pas eu la chance d'aller chez Cuadri (quoi, encore ?! ben oui, pardi !). 
Parce que les vaches qui chargent 28 fois, OK... Le mayoral qui parle âcre dans sa fumée avec des critères pas croyables, OK... La famille avec l'afición dans le coeur et le coeur sur la main, OK... L'Urcola, le Santa Coloma, le "Comeuñas" parsemé de galets, OK, OK, OK !! Encore ? Oui, mille fois merci, j'arrive...
Mais non, rassure-toi, ô jeune qui passe par là les yeux cernés et le poignet fatigué de ta session d'onanisme par youporn inspirée ce soir, c'est un être plein de compassion qui va te raconter une belle histoire dont tu es le héros. 
Nous tientions alors en ce début mai chez Cuadri, dans la lumière mielleuse de fin de journée, dans les herbes claires. Nous tientions, dans le respect, la simplicité et le sérieux sans chichi. Nous tientions dans le bonheur liquide... Enfin, quand je dis que nous tientions... évidemment nous ne faisions pas grand-chose, nous autres, à part regarder, photographier, changer les péloches, changer de poste, etc. Après les trois inconnus professionnels qui se sont succédés ce soir-là, passaient des jeunes de l'école taurine de Huelva, et quand 'Berreona' eut fini d'écoeurer un Rafael de Julia (je crois) incapable de trouver la mesure, la distance et le reste, mais soucieux de ne pas trop perdre le sitio et la confiance, nous avons tous pensé que la tienta s'en tiendrait là. 'Berreona' était un morceau de vache, prenant trouze-mille piques et posant des difficultés à la muleta. On n'a pas proposé aux jeunes, on allait boucler, quand Javi est arrivé en demandant la permission. Javi avait toréé l'une des vaches précédentes, et comme la plupart de ses copains, il avait montré pas mal de décision, de volonté, et l'envie de ne pas en laisser une miette. Alors Javi s'est planté là, face à 'Berreona', et à force d'insister, l'a fait passer à gauche, mais aussi à droite à force de se planter devant dans un valeureux numéro de porfia. Javi a mis du temps et de la sueur et plein d'autres choses... La famille Cuadri, incrédule puis séduite, a salué la prestation sans ménager ses encouragements : "¡Bien Javiii! ¡Bieeeen!". Le matador desconfiado semblait moins sincère dans les siens. Cosas de toros
A la fin de la tienta, nous avions vu le soleil mielleux, les herbes folles, 'Berreona' et des piques, et des critères. Nous avons aussi vu Javi prouver qu'il était à la hauteur des exigences maison. Le grand bonheur !