Nous connaissons tous les recettes permettant de préparer un toro aux triomphes insipides auxquels nous avons pris l'habitude d'assister : gommage des aspérités indésirables de la caste, coiffage des cornes, voire méthodes plus inavouables encore si le sujet se montre particulièrement récalcitrant.
Abordons à présent quelques moyens simples de réduire à néant les efforts déployés par l'éleveur pendant quatre ou cinq ans pour produire un taureau de combat, mais cette fois dans le ruedo, dans le cas (de plus en plus rare en pratique) où celui-ci, en dépit de l'application des recettes précédemment évoquées, ressemblerait encore trop, lors de sa sortie, à un véritable taureau de combat.
Prenons par exemple un taureau encasté de Sánchez-Fabrés, d'encaste Santa Coloma (rama Coquilla) qui, comme les novillos lidiés récemment à Saint-Martin-de-Crau en ont apporté la preuve, ont parfois le mauvais goût de se montrer tel.
Dès sa sortie du chiquero, sans perdre une minute qui pourrait lui permettre de se remettre du stress accumulé pendant son transport et son séjour dans les corrales, chargez vos peones d'attirer son attention en le citant à l'abri du burladero.
Le bicho, selon toute vraisemblance, répondra à ces sollicitations sans se faire prier. Il suffira alors de le faire taper contre les planches pendant de très longues minutes, afin qu'il y épuise ses forces.
Si la méthode est mise en œuvre avec succès, on obtient alors un toro très largement affaibli, voire, avec un peu de réussite, handicapé, et dans tous les cas ayant laissé une partie importante de son moral sur le burladero. Les individus aux cornes dites pudiquement "fragiles" peuvent aussi abandonner, lors de l'exercice, une partie supplémentaire de leur substance. Cet aspect n'est pas déterminant s'agissant de Coquilla, mais pour des opposants issus d'autres origines, cela peut s'avérer intéressant.
Et le tour est joué ! En un tournemain, vous obtenez un toro moribond, sans vous mettre le public à dos, et si plus rien ne peut en être tiré, ce ne sera pas de votre faute.
Le toro, dans la presse du lendemain, sera qualifié de violent à sa sortie, puis allant a menos, se révélant ensuite impropre à la lidia moderne.
A suivre...