28 juin 2007

"Il n'y a pas grand-chose à écrire..." Novillada de Saint Sever 2007


Je ne voulais rien écrire sur cette course. Il n’y avait pas grand-chose à en dire finalement, si ce n’est que ce fut une course très moyenne mais dans laquelle beaucoup espéraient au regard de celle de l’an dernier. Je ne voulais rien écrire mais je viens de lire le compte rendu de cette novillada de Scamandre paru dans le quotidien Sud Ouest ; compte rendu signé par le jeune et habituel sobrero de la casa déniché par Marc Lavie de Semana Grande. Sur le fond général de sa reseña, je ne peux qu’être d’accord, surtout quand il écrit qu'"il est des soirs où l’on aurait aimé éviter le rgard d’un ganadero déçu au sortir d’une course de son élevage". Mais il est des détails qui agacent, encore et toujours.
"Saluons en revanche la superbe présentation de l’ensemble du lot, du petit mais très armé animal d’ouverture à l’imposante carcasse sortie en dernier." J’ai du mal à comprendre ce que l’on peut saluer dans cet incertain méli-mélo de novillos. Les cornes ne font pas le trapío et ne doivent pas cacher d’autres défauts. Ainsi, le premier avait à peine le physique d’un becerro et dépareillait déjà dans les corrales. Le second, applaudi à son entrée en piste comme le fait remarquer notre sémillant chroniqueur, était laid et affublé d’une épine dorsale en montagne russe... On aurait dit qu'il avait été fabriqué avec un rabot peu soucieux du détail et de la beauté des lignes (photo du haut). Le dernier était le plus beau des atanasios, haut sur pattes mais avec de l’allure, trapío qui se confirma d’ailleurs aux piques puisqu’il fut le seul à montrer fijeza et envie. Le lot était donc desigual voire même très critiquable par moments mais il est vrai que la camada doit être très courte, et surtout que le public est resté les yeux accrochés aux défenses de ces novillos, tous armés vers le haut, pour certains en pointe. Cependant, et je comprends tout à fait que notre sobrero de la plume n’ait pas osé l’écrire (ce n’est pas la tradition de la maison qui l’emploie), certains pitones étaient franchement abîmés pour ne pas dire suspects. Ainsi, ce cinquième qui n’aurait jamais dû sortir dans le ruedo de Morlanne (escobillado dès sa sortie en piste, cf. photo de droite), ainsi ce sixième qui s’abîma bien vite les pinceaux au cours de sa lidia. Mais ceci ne s’écrit pas, quel intérêt ? On ne parle pas non plus des tercios de piques dans ces reseñas où le seul objectif est de limiter au maximum la critique. Sur une trentaine de lignes, l’auteur n’utilise qu’une fois le mot de pique pour évoquer la belle charge et la poussée du dernier animal. Dans l’ensemble, les Scamandre furent décevants au tercio de piques, par manque de bravoure (tête en haut, cabeceando...) pour certains mais aussi par manque de force pour d’autres comme ce pauvre cinquième qui avait envie mais qui s’affala lamentablement sous le cheval en baissant trop la tête. De cette faiblesse intrinsèque à ce lot de novillos, nulle mention évidemment et il y aurait pourtant des choses à dire tant le lot manqua de poder, de souffle et de pattes.

Quand manque le trapío... Il serait d’ailleurs judicieux de savoir à quoi sont nourris les Riboulet pour présenter des formes aussi fines voire maigres avec ces os du haut du cul qui affleurent bien trop et ces côtes décharnées. Je ne suis pas partisan des toros cochons mais l’inverse (maigreur, apparence très frêle) est également préjudiciable pour la force d’un toro de combat, me semble-t-il. Pour revenir aux piques, nulle mention non plus des coutumières mauvaises habitudes des piqueros. On s’habitue... Le quatrième (d'origine Guardiola vu le physique différent des autres = plus bas, profil de tête moins fin, plus rempli et plus large de poitrail, les cornes moins effilées) fut proprement détruit par le castoreño aux ordres de Ronquillo avec un puyazo sauvage dans l’épaule qui annihila une partie des forces et de l’envie de ce bicho. Il y eut six cariocas, mais c’est normal aujourd’hui, la carioca est l’unique manière de piquer de l’immense majorité des varilargueros. Il n’y a rien à écrire dessus donc...
Les Scamandre furent décevants pour ces raisons-là, c’est-à-dire leur manque de force, de trapío et de vraie bravoure. Pourtant, certains ont montré des envies et de belles choses lors du troisième tiers avec des têtes qui faisaient l’avion (2nd et 5°) quand d’autres posaient des problèmes intéressants à corriger sans pour autant être des tueurs-nés. C’est là que ce qu’il nomme le "sérieux des novilleros" est à relativiser tant ces futurs matadores de toros proposent une tauromachie déjà modélisée et polie, seulement apte à dessiner des passes à des animaux chargeant droit comme des trains. La tauromachie parallèle, décentrée et principalement axée sur l’esthétisme a de beaux jours devant elle. Et ce manque d’engagement se concrétise malheureusement lors des mises à mort qui pour la plupart furent catastrophiques avec une mention spéciale à El Santo qui décidément a des progrès à faire dans cet exercice difficile. La course du Scamandre a déçu car le piquant de l’an dernier fut mis en berne par une faiblesse inquiétante que le manque de trapío de ces novillos pouvait laisser présager. Elle fut également décevante car de jeunes novilleros ne veulent toréer que des carretones qui passent sans défauts... et ils sont soutenus par ceux qui rendent compte de leurs exploits dans la presse locale et ailleurs...

>>> Retrouvez la galerie de la novillada sur le site à la rubrique RUEDOS.