27 juin 2007

Palmas y pitos


Notre ami Bastonito nous a entretenus régulièrement sur son blog du déroulement de la San Isidro 2007. Tout comme l’afición unanime, il s’est félicité de l’excellentissime premier toro de la ganadería Palha.
Ce qui est extraordinaire chez les aficionados, c’est leur liberté de penser, d’esprit, leur totale indépendance. Tout le contraire en fait des supporters de clubs de football, ou de certaines groupies de tel torero ou de tel élevage.
Feu et très regretté Joaquín Vidal me l’avait d’ailleurs exposé lors de notre unique mais inoubliable rencontre. Vidal m’avait confié le peu de goût que peuvent avoir les taurinos et leurs sous-fifres pour l’indépendance des véritables aficionados.
Si un aficionado constate qu’un torero se positionne « fuera de cacho » ou donne le pico de la muleta, il pourra siffler ou montrer son mécontentement. Si, trois secondes plus tard, ce même torero se met à toréer, « como mandan los canones », ce même aficionado applaudira et s’enthousiasmera de la plus démonstrative des manières. C’est cela la fiesta : palmas y pitos... Notre ami Bastonito a eu régulièrement la dent très dure avec l’actuel propriétaire de la ganadería Palha, suite aux histoires que vous savez. Cela ne l’a toutefois pas empêché de profiter et jouir du spectacle de la bravoure et de la caste du premier Palha lidié cette année à Las Ventas.
C’est cela l’afición : palmas y pitos. Et la liberté n’a pas de prix.
Bastonito, à sa manière, l’a rappelé, en ressortant des archives pour l’occasion, la photographie ci-dessus que vous connaissez. Il a ainsi reconnu et rappelé son hostilité au personnage propriétaire de l’élevage mais s’est félicité, sans réserve aucune, de cet extraordinaire toro. Palmas y pitos : liberté de penser et de jugement.
En ce qui me concerne, cette photographie fait revenir à ma mémoire une anecdote hivernale à la vérité assez croustillante.
Le ganadero de Palha a été invité cet hiver chez « Los de José y Juan », peña taurina madrilène prestigieuse s’il en est. Hasard du calendrier, le portugais y était invité pour parler de l’éthique dans la fiesta. D’aucuns m’argumenteront que ce n’était peut-être pas le personnage le plus indiqué pour pareil sujet. Certes, mais je ne suis pas pour autant certains que dans le panier de crabe du taurinisme professionnel... Passons.
Cette photo, je vous le rappelle a été prise dans des arènes dirigées à l’époque par le ganadero de Palha. Il s’agit donc d’un toro provenant du propre élevage du directeur desdites arènes.
A la fin de la réunion chez « Los de José y Juan » de miens amis madrilènes présents dans la salle ont demandé la parole, exhibé un agrandissement de la photographie que vous connaissez, et demandé au directeur/ganadero comment celui-ci pouvait avoir eu l’outrecuidance de leur avoir parlé, certes brillamment, toute une soirée d’éthique tout en osant présenter pareille chose dans ses propres arènes.
Le directeur/ganadero ne s’est pas démonté une seconde et a nié farouchement qu’il puisse s’agir d’un toro de son élevage...
C’est sa liberté à lui d’agir ainsi et de nous prendre de la sorte pour des gogos... A nous de faire la part des choses et ne pas nous y laisser prendre.