Hé ! hé ! hé !… Pardi, fastoche !!!
D'ordinaire, je m'inclinerais devant
tant de sagesse, mais il se trouve que ce personnage oublie de
préciser qu'il est surtout à la tête d'une CTEM qui se targue
depuis des années de remplir grassement ses arènes et de boucler sa
temporada quasi exclusivement grâce la vente d'abonos, laquelle limite voire interdit la possibilité d'acheter des billets isolés,
excluant de ce fait le libre choix éthique et financier aux
aficionados et autres amateurs de tous bords d'aller aux corridas
qui les concernent tout en évitant l'achat superflu de places pour les
spectacles qui ne les intéressent pas.
La philosophie de comptoir me fait
généralement marrer, mais quand on la destine à donner des leçons
au con de payeur qui n'a d'autres choix que de s'asseoir sur sa
propre liberté de consommation à une époque où une place de
corrida est plus que jamais un luxe dans le budget quotidien du
consommateur moyen, alors là je ne me marre plus du tout. Et si en
plus on m'explique dédaigneusement que cela oblige à fermer sa
gueule devant l'indéfendable, alors là j'explose !
L'éminent penseur aurait dû demander
aux huit mille et quelques couillons qui remplissent habituellement sa
plaza uniquement par abonos ce qu'ils pensent du fait que le bonhomme
ne sait plus depuis longtemps ce que coûte réellement un abono d'un
cycle de six ou sept corridas, tellement il est figé depuis perpette dans
le béton des privilèges.
Chère ou pas, une place de corrida se
trouve affublée d'un petit chiffre très anodin, en bas au coin du
papier, qui fait pourtant toute la différence entre l'imbécile pas
toujours heureux détenteur du Graal et celui qui le regarde de
façon menaçante ou méprisante, du coin de l'œil, là-bas, dans
l'obscurité de son callejón.
Ainsi, le jour où le spectacle que
vous proposez sera gratuit, libre d'accès et ouvert à tous les
vents, l'on comprendra que vous vous offusquiez des larmoiements du
public, mais en attendant, messieurs les organisateurs, veuillez en
prendre compte un peu plus dignement. Voilà pourquoi, quand les
reproches fusent du haut des tendidos, c'est bien à vous de vous
remettre en cause et non pas à celui qui s'est délesté de quelques
euros pour assister au spectacle dont vous détenez l'entière et
totale responsabilité, tant dans les succès que les échecs. Que
cela vous plaise ou non, c'est la loi universelle du marché, qui
marque la différence entre celui qui propose et celui qui dispose,
et l'on sait tout le mal que certains se sont donnés pour s'asseoir
sur l'honorable siège de celui qui propose, sans parler de ceux qui
tueraient père et mère pour y rester accrochés encore longtemps.