Détail des gradins des arènes de Teruel — Laurent Larrieu/Camposyruedos.com |
Dans
les années 1930, avant que la guerre civile ne vienne par ici faire ses
ravages, Teruel décida qu'il lui fallait une nouvelle plaza de toros.
Peut-être l'ancienne, toute de bois,
avait-elle brûlée ? On choisit de l'installer sur les abords du vieux centre
mudéjar, dans l'ensanche comme c'était devenu l'habitude dans de nombreuses
villes où les centres étaient pleins. Le style néomudéjar prévalut et le
financement reposa sur les frêles épaules d'un peuple pas bien riche mais
certainement très aficionado. Une sorte de quête à grande échelle apporta
l'oseille (300 000 pesetas à l'époque) pour monter les pierres.
Dans
l'historiographie officielle de ces arènes, dans les livres, dans les mémoires,
le premier à être sorti « a hombros » des arènes de Teruel fut Manolete dans les
années 1940, lorsque Teruel pansait encore les plaies de la terrible bataille
qui porte aujourd'hui son nom.
En
vérité, c'est faux.
Ce
n'est pas Manolete qui inaugura les marches du triomphe de la cité aragonaise.
Même pas un torero. Les vieux connaissent la vérité et la savent rendre à
César.
Lors
des travaux de construction, un ouvrier du coin se blessa assez gravement et
l'on fut obligé de le conduire à l'hôpital le plus proche. Le chemin le plus
direct était de traverser les arènes, puis de franchir le porche d'entrée de
celles-ci. Porté par ses pairs, inquiets on l'imagine, notre laborieux aurait
eu ces mots qui ne s'inventent pas : « Au moins, je serai le premier à
sortir porté en triomphe de cette plaza ! »
La
plaza de Teruel porte un surnom dont toutes les empresas se passeraient
volontiers : « La plus grande arène du monde ». Non pas que sa taille
donne le tournis, mais il s'agit tout simplement d'une blague de gars du coin
pour signifier l'impossibilité, constatée tout au long de soixante-quinze années d'histoire,
de remplir ces arènes. Seul José Tomás, seul. Une fois, c'est tout.