28 septembre 2012

Musée des beaux-arts de Pau (II)


Alfred Déhodencq (1822 – 1882), Course de taureaux en Espagne, 1850, huile sur toile, 149 x 208 cm
© Musée des beaux-arts de Pau  © Direction des musées de France, 2009  © Patrick Ségura, photographie

« Élève du rigoureux Léon Cogniet, Alfred Déhodencq affirme très tôt des qualités d'exécution hors du commun. Il débute au Salon de 1844 avec des portraits et des scènes religieuses, mais son imagination l'entraîne par-dessus tout vers des paysages baignés de lumière. En effet, transporté par l'œuvre de Byron et profondément marqué par une rencontre avec Chateaubriand, Déhodencq développe dès son plus jeune âge des rêves d'Orient. 
À 26 ans, il est déjà un portraitiste reconnu lorsq'une blessure l'oblige à se rendre en cure dans les Pyrénées, si proche de cette frontière qui l'attire tant… L'idée d'un départ pour l'Espagne est bien ancrée, mais il attend encore une année avant de franchir le cap. En 1849, il se rend à Madrid et, deux jours après son arrivée dans la capitale, il assiste à son premier combat de taureaux. Le sujet de son prochain tableau s'impose ainsi naturellement. 
Il choisit une novillada à L'Escurial. La scène se déroule sur la place du village qui tient lieu d'arène de circonstance. L'œuvre, qui évoque avec une rare acuité les coutumes espagnoles, connaît un vériatble succès à Madrid. Les journaux sont dithyrambiques et l'un deux, La Patria, s'émeut, trouvant honteux pour les Espagnols qu'un peintre étranger s'empare de leurs sujets et les traite avec plus de justesse que leurs propres artistes. 
Dans cette explosion de couleurs, l'artiste saisit remarquablement les expressions et les physiques des combattants. Le rythme est donné par la grande agitation qui règne autour de l'animal blessé et les gestes appuyés du public exalté. 
Alfred Déhodencq réalise dans cette composition à la lumière resplendissante une magistrale étude de mœurs qui décrit toute la passion qu'il partage avec ce peuple. En 1850, après l'accueil chaleureux des Madrilènes, le tableau quitte l'Espagne pour Paris où il reçoit un accueil enthousiaste au Salon. 
Loin des codes académiques, cet artiste libre, baptisé avec quelque condescendance “le dernier des romantiques”, signe une œuvre magnanime qui a juste décrit la vérité. » Dominique Vazquez 

>>> Guillaume Ambroise, Patrick Ségura, Dominique Vazquez, Peintures du XIXe siècle. Musée des beaux-arts de Pau, Le Festin, Bordeaux, 2007, p. 64. 

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