Après les Miura de Bayonne croqués par Laurent et en attendant leurs petits frères de Carcassonne, vous pourrez découvrir dans quelques jours la galerie de la miurada de Béziers. Une course bien dans la tradition de l'élevage et de la place biterroise, c'est-à-dire à des années lumière de la présentation et du comportement des autres bêtes combattues dans cette dernière. En effet, en dépit d'une orientation de l'organisation très clairement dirigée vers le toreo moderne et ses inévitables corrolaires (le toro sans force, sans race, monté sur rail et monopiqué), les pensionnaires de Zahariche continuent de communier avec le public héraultais, bon an mal an, qui se voit ainsi gratifié de lots plus que respectables et le plus souvent choisis dans le haut du panier de l'éleveur.
Même si l'on a pu retrouver en piste les fondamentaux de la devise, y compris dans sa diversité, avec une alternance d'exemplaires nobles et de toracos bourrés de genio et de sentido, la corrida est restée en-dessous de ce que l'on a pu voir à l'occasion de précédents millésimes ou ailleurs cette année même. Ceci étant, pas une seconde d'ennui, et même, au contraire, des moments de franc enthousiasme, avec notamment la leçon de lidia dispensée par un "Fundi" en majesté, au sommet de son art et de sa technique ; il ne reste plus qu'à souhaiter qu'il aura réussi à convaincre cette partie du public n'ayant rien compris à la préparation de son second exemplaire, préférant sans doute les pitreries de Juan José Padilla ; lequel, après quelques gestes de bon toreo, rares chez lui, a préféré finir par amuser la galerie, avec un succès que l'on ne peut qualifier que d'affligeant. Quant à Javier Valverde, même si l'inévitable comparaison avec son aîné est à son désavantage, il a su se montrer classique et méritoire, bon tueur à son premier.
Vous découvrirez également dans les prochains jours quelques photographies de la novillada de Robert Margé, sortie comme souvent noble (voire très noble) et suffisamment mobile pour offrir un spectacle intéressant, mais avec aussi ce manque cruel de fond et de piquant constaté ailleurs ces derniers temps. La monopique a régné en maître toute la matinée, nous interdisant de juger véritablement de la bravoure des novillos. Tout cela ne serait pas bien grave si la course n'avait pas reçu un satisfecit qui encouragera sans doute le ganadero à poursuivre dans la voie de la recherche de la douceur au détriment de la caste. Quant aux piétons, je ne retiendrai que la prestation de Miguel Ángel Delgado, à revoir.
En ce qui concerne les autres courses, je ne m'infligerai pas d'en écrire quoi que ce soit, qui en tout état de cause n'intéresserait pas nos lecteurs. Contentons-nous donc d'indiquer que la faena d'infirmier de Ponce et les beaux gestes de Manzanares furent un régal pour le photographe, mais laissèrent l'aficionado de marbre...
Image El Fundi après sa démonstration de talent et de technique au public biterrois, dont une partie venait de le conspuer pour des raisons demeurant obscures © Camposyruedos