Depuis l’année dernière, l’Afición française a la chance de pouvoir retrouver le sang Coquilla dans ses arènes. Les Coquilla sont issus de la version Ibarra du Santa Coloma et l’encaste donne, comme à son habitude, des bêtes de formats réduits, aux têtes commodes mais au caractère très affirmé ; les Coquilla étant reconnus pour leur grande caste et leur non moins importante noblesse. Mais lorsque cette noblesse est absente, les petits Coquilla deviennent les toros que vous n’oseriez souhaiter à votre pire ennemi. Curieux, l’aficionado s’était réjoui l’an passé de leur retour, d’autant plus que leurs combats, loin d’être idéaux pour cause d’une importante mansedumbre, offrirent au Plumaçon une matinée d’émotion par leur caste. On les attendait donc impatiemment à Hagetmau avec toutefois plus d’espérance quant à leurs qualités de fond.
L’organisation semblait bien faite, dessin du fer au centre du ruedo et distribution du sorteo (on fermera les yeux sur l’erreur du fer) valorisant la matière première : le toro. L’adéquation semblait bonne ou du moins cohérente. Lorsque sortit le premier Coquilla de Sánchez-Arjona, 'Fontanero', imposant novillo très musclé et correctement armé pour la devise, il dégagea jusqu’au plus haut des tendidos une impression de sérieux par sa présence en piste et nous étions heureux d’être là. On se sentait heureux de pouvoir admirer des Coquilla, l’après-midi s’annonçait bien et… patatras !
Première pique et première déception d’une longue série. Le novillo s’emploie correctement mais sur une corne et la tête à mi-hauteur. La ration par contre est extrèmement sévère et surtout placée très en arrière du morrillo. Le novillo sort amoindri de la rencontre alors qu’il paraissait fort de patte. Changement de tiers et final du spectacle avec un novillo racé mais noblote qui raccourcit sa charge, pliant les genoux à plusieurs reprises. Les piètres qualités du novillero dans la lidia, proposant une faena sans âme, décentrée et tirant peu la main, n’arrangeront rien à l’affaire. Qu’en penser ? Mystère. Qui de la pique, de la lidia ou du novillo étaient fautifs ? Sûrement les trois. Mais cette interrogation n’est jamais agréable, et lorsqu’elle se produit, il est certain qu’il manque l’essentiel du spectacle par la faute des hommes en piste mais aussi d’une présidence complice et d’une organisation manquant de conviction.
La suite de la novillada fut la répétition de ce scénario détestable. Les qualités des novillos furent diverses et l’incertitude toujours présente, laissant au spectateur la désagréable impression de n’avoir pu jauger les novillos, et lorsque cet étalonnage est l’ambition première, la déception est totale.
Pour le reste, il faut relever une qualité de fond supérieure à la sortie montoise. La mansedumbre étant beaucoup moins présente et la caste toujours là. La bravoure semblait réelle, à l’image du sixième poussant corps et âme le peto, mais en six monopiques pour six novillos, comment porter un jugement sur la bravoure d’un lot ? Mais, et c’est un gros mais, les forces et le moteur furent en forte baisse laissant les qualités des novillos dans l’anonymat. Il est à noter, surtout par les temps qui courent, que les cornes restèrent intactes malgré de forts remates. Pour finir, que dire des novilleros ? Bien peu de chose pour éviter d’être très désagréable. Dépassé mais aussi sans imagination ni recours. Le summum fut atteint par Román Pérez, abusant du pico et laissant un gouffre entre lui et le novillo. Pegapase, le garçon aime les passes mais nous, nous n’aimons pas les siennes. A éviter, pour sûr. Son arrogance lors de sa sortie montera sur la tête est à des années lumière de la sortie d’un torero, comme put nous le montrer Morante de la Puebla en 2007 à la Maestranza lors d’un fracaso. Sans toreros et sans toros, pauvre de nous.
Thomas Thuriès
>>> Retrouvez dans la rubrique RUEDOS du site la galerie de cette novillada de Coquilla de Sánchez-Arjona.
Photographie Un novillo de Coquilla de Sánchez-Arjona à Hagetmau © Camposyruedos