07 août 2008

Ah ! le décalogue...


Suite à la tenue des II° Rencontres des Aficionados de Saragosse (26 & 27 avril 2008), le Manifeste des aficionados pour une Fiesta intègre, authentique et juste a rédigé un texte intitulé : Decálogo de la suerte de varas.
Curieusement, celui-ci ne reprenait pas, dans une première version, la principale proposition de l’aficionado péruvien Fernando Marcet : « Piquer seulement avec la pyramide en acier (fer de la pique), sans introduire la partie en corde (arrêt, butoir, frein ou heurtoir). »
Pas si curieusement que cela finalement, tant cette mesure essentielle et réglementaire semble avoir toutes les peines du monde à "s’introduire" dans l’esprit même des aficionados... Autant dire qu’il faudra encore patienter un petit peu avant qu’elle n’atteigne celui des "taurins" !
D’autant plus que « piquer seulement avec la pyramide en acier, sans introduire la partie en corde » implique obligatoirement de « modifier le dessin de la pique de façon à ce que l’on ne puisse piquer qu’avec la pyramide en acier » en plaçant « un croisillon pivotant à la base de la pyramide ou revenir à l’usage du "limoncillo" »... Je ne vous dis pas le chantier !
Bref, dans ce contexte hautement défavorable, "l’affaire de Beaucaire" (en attendant toutes les autres...) représentait une merveilleuse occasion de dire haut et fort, d’écrire blanc sur noir (en ce qui nous concerne) que la pique actuelle ou sa jumelle andalouse, sans même tenir compte de la manière dont elles sont employées, ne constituent que des instruments de démolition...
Cela étant dit, voici donc la traduction de la seconde et dernière version du décalogue. Que les collaborateurs et les 26 lecteurs de ce blog, soit quand même 1 de plus que celui de Manon, m’excusent par avance d’insister si lourdement...

« Décalogue de la suerte de varas
La suerte de varas est la clef de voûte de la lidia. Elle a trois missions :
a) Révéler les caractères de bravoure, de tempérament et de comportement du toro ; révéler ses qualités.
b) Régler, corriger et ôter de la puissance à sa charge, en vue de la suite de son combat et de sa mort, au moyen de piques dans le morrillo, brèves et dosées.
c) Dans des conditions propices, créer, transmettre beauté et émotion consubstantielles à cette suerte incomparable.
La suerte de varas doit être réalisée selon les canons :
- Placer le toro devant son picador, qui doit présenter la poitrine du cheval et provoquer sa charge.
- Piquer seulement avec la pyramide en acier (fer de la pique), sans introduire la partie en corde (arrêt, butoir, frein ou heurtoir).
- Pointer la vara vers l’avant et piquer dans le morrillo du toro avant que celui-ci n’atteigne le caparaçon du cheval.
- Tandis que le toro pousse, le picador doit se défendre en portant tout son poids sur la pique, comme s’il se laissait tomber sur elle, en dégageant son corps de la monture sans rectifier ni faire tourner le fer de la pique dans la blessure, en dosant le "châtiment".
- En aucun cas le picador ne doit fermer la sortie au toro, ni avoir recours à la "carioca", sauf dans les cas de mansedumbre évidente.
L’importance du tercio de piques nécessite, pour une exécution correcte :
- De modifier le dessin de la pique de façon à ce que l’on ne puisse piquer qu’avec la pyramide en acier (Note CyR : voir image ci-dessous) ; pour cela il faudra placer un croisillon pivotant à la base de la pyramide ou revenir à l’usage du "limoncillo".
- Des chevaux dressés et d’un poids proportionné.
- L’équipement destiné à les protéger doit être élaboré, de préférence, avec des matériaux flexibles et légers. Il ne doit en aucun cas blinder le cheval et s’apparenter à un mur contre lequel le toro s’écrase.
- Les chevaux doivent avoir un œil découvert pour pouvoir s’orienter dans l’arène.
L’importance de ce premier tiers pour le déroulement ultérieur de la lidia implique que les matadors, les subalternes et les picadors, chacun dans la mesure de leurs responsabilités, soient à leur place, réalisent la suerte correctement, loyalement, en plaçant le toro comme il faut, en le piquant avec mesure et en faisant le quite "peu de temps" après la rencontre.
Ne primer aucune faena si le toro n’a pas reçu, dans les règles, deux piques au moins.
Ne primer aucun toro, que ce soit dans l’arène ou avec un prix, s’il n’a pas reçu plus de deux piques au cours de son combat.
Ne primer aucune course dans son ensemble si trois toros, au moins, n’ont pas reçu trois piques ou plus, et les autres, un minimum de deux ; vu que tous les toros prennent bien la première pique, qu'ils ne commencent à laisser entrevoir leur bravoure qu’à la seconde, et qu’ils ne se révèlent réellement braves qu’à la troisième.
Conscients que l’habileté et la précision, en plus du "savoir" (Note CyR : "conocimiento" dans le texte) et de l’engagement, sont nécessaires pour réaliser correctement la suerte de varas : ne primer aucun picador :
- Qui échoue lors de la première rencontre avec son toro.
- Qui pique en dehors du morrillo, et ce malgré une très bonne réalisation de la suerte.
- Qui fait tourner le fer de la pique dans la blessure.
- Qui exécute la "carioca" sans nécessité.
Exiger que les responsables du bon déroulement de la course, que sont les présidents, les délégués, les alguazils et les vétérinaires, accomplissent leurs obligations en ne déléguant pas leurs pouvoirs aux professionnels taurins. Ils doivent agir avec la rigueur nécessaire afin que le règlement soit respecté et que la lidia se déroule avec ordre, en particulier lors de la suerte de varas.
10° Nous nous devrons de dénoncer, au travers des médias que nous avons à notre disposition :
- Les picadors qui ne respectent pas les règles qui régissent le premier tiers du combat.
- Les matadors sous les ordres desquels ils agissent et qui sont, en définitive, les véritables responsables.
- Les autorités qui, négligeant les droits et les devoirs de leur fonction, ne corrigent, n’interrompent, ni ne sanctionnent les infractions commises. »

En plus Lire, si cela n’est pas déjà fait, l’article de Marc Roumengou sur le site de la FSTF : À propos de piques et de butoirs.

Images Pendant... © Campos y Ruedos & Après... © Manon