Pas simple, fallait choisir vite et bien : trois courses en deux jours, c'est beaucoup pour un seul homme, moi en l'occurrence, mon portefeuille et la sollicitation des mes deux ou trois neurones utiles à l'exercice de l'analyse aficionada en temps réel. Pour de sages raisons, je choisis de m'envoler pour les Santa Coloma de Valdellán retenus en Born. Je m'étais donc résigné à oublier les quatre pépites de Boecillo promises le lendemain. Tant pis pour moi, tant pis pour eux, tant pis pour l'ADA de Parentis… M'enfin, Santa Coloma via Graciliano, Buendía et tout le toutim de chez Valdellán, y'avait tout de même de quoi se réjouir pour un soir. Et pour cela, on peut faire confiance à l'ADA. Faut bien reconnaître que ces gugus-là nous soignent l'affiche depuis belle lurette, car, à Parentis, on ne plaisante pas avec ces trucs-là. Par principe, faut que ça bouge, que ça pète et que ça bouscule. Ne vous étonnez pas si les minots se pèguent des grippes carabinées en plein été au moment de conclure le marché et de signer l'offre.
J'ouvre donc maintenant la parenthèse pour ébaucher un début de débat et de discussions pour confirmer mes doutes quant à l'organisation d'un troisième spectacle « made in Parentis », quand on sait toutes les difficultés que les gars de Serge Villetorte ont eu (on s'en souvient) et ont encore (j'imagine) à recruter les valeureux fous qui jetteront leurs vingt ans en pâture dans le ruedo landais. Parce que le toro fait tout, c'est bien connu, mais demande tout de même à être « lidié », si possible bien et avec conviction. Et à ce jeu, on sait que les bambins ne sont pas tous égaux, loin s'en faut, surtout quand s'invite la trouille majuscule — comment leur en vouloir ? Il est évident que l'aficionado cherche à assouvir certains désirs dans l'élaboration des carteles dont il prend la responsabilité, mais il n'empêche que la réalité des choses exige la présence d'un matador professionnel pour mettre en lumière ces toros avant de les occire… La tâche n'est déjà pas aisée, vous en conviendrez, alors quand il s'agit de ganaderías aussi redoutées que celles généralement annoncées par ici, l'on se doute forcément d'où provient le grand nombre de désistements, voire même de refus catégoriques. C'est le problème auquel furent confrontés les responsables de l'ADA quand il n'était question que de deux novilladas… On a pourtant bien raison de déplorer l'attitude des apprentis toreros et de leur entourage, mais les faits sont là, et je crains qu'à force de voir passer systématiquement ces jeunes gens à côté de leur sujet, dès lors que l'animal se prête peu ou pas au très en vogue « toreo en rond », l'on prenne l'habitude de venir à Parentis pour y voir des novillos, de forts et beaux novillos, avec de moins en moins d'espoir de les voir guerroyer vraiment.
Malgré tout, voilà maintenant que, sans doute pas par manque d'afición, Parentis organise une troisième novillada. Je dis : « Danger ! »
Ensuite, je tiens à reconnaître, pour l'avoir déjà éprouvé, que mes maigres aptitudes intellectuelles ne m'aident pas beaucoup à ingérer dans les meilleures conditions un spectacle après l'autre, surtout quand ils exigent tous deux un fort taux de concentration, comme c'est le cas en ces terres. Vous n'avez pas encore digéré la matinée que l'on vous sert déjà le dessert du soir, et, forcément… ça vous reste un peu sur le bide. Le Tío Pepe lui-même avouait ses difficultés à revenir à la surface après l'exigeante attention que réclame une course de toros. J'ai au moins un point commun avec ce grand monsieur : j'éprouve aussi cette désagréable sensation… sauf que, désormais, l'effort se multiplie par deux avec le risque (et cela m'est déjà arrivé) de passer littéralement à côté d'une course, de ne pas l'avoir vue comme il aurait fallu. Que voulez-vous, je ne suis qu'un homme après tout…
Je vous donne mon avis : je désapprouve définitivement l'accumulation de spectacles dans une seule et même journée.
La parenthèse est fermée.