17 août 2012

Collioure 2012 ou quand le « Trophée de l'anchois »… choit !


Sortie de ‘Capitan’ — Collioure, 16 août 2011 — Montage photo JotaC

Hier, 16 août, le cœur serré, droit dans ses vigatanes tressées, une pensée émue étreignait soudain l'aficionat d'aqui : « Mais qui est le triomphateur de la féria de Collioure 2012 ? »
Le soir venu, comme à l'accoutumée, les festivités s’achèvent en apothéose par le superbe spectacle pyrotechnique, qui embrase entièrement la voute céleste de la Méditerranée catalane.
— Oh ! la belle bleue !
Des milliers de bouquets virevoltent dans les airs, des myriades de paillettes fluorescentes, des ribambelles de feux follets multicolores retombent en gerbes frémissantes dans l'eau tiède de la somptueuse baie, bercée par un doux ressac à l'accent merveilleusement rocailleux et subtilement anisé. 
— Oh ! qu'elle est jolie la carte postale !

Habituellement, avant que n'éclate cette pétillante soirée, se déroulait la traditionnelle novillada des fêtes — jusqu'à l'année dernière du moins. En 2011, le dernier novillo s'appelait ‘Capitan’. Il est entré en piste dans les arènes « fixatives » de Collioure pour y être combattu et mis à mort par Emilio Huertas.
— Oh ! que c'est vilain du sang sur la carte postale !
‘Capitan’, un novillo particulièrement bien présenté, astifino et « encasté », a posé de nombreuses difficultés au jeune matador. Un novillo fier et hautain, dur au mal, comme ses frères. Un tío de l'élevage des Héritiers de Christophe Yonnet… C'était le dernier. Le der des ders !

Une fois la fameuse novillada défaite, tout s'accélère. Une fois l'encombrante placita métallique déboulonnée, tout s'aménage, tout change. Le quartier change. Le monde change.

Trois cent soixante-cinq jours plus tard, quelques vagues à l'âme se sont brisés sur les jetées du port et beaucoup d'asphalte s'est répandu sur le sable de la piste. Trois cent soixante-cinq jours plus tard, tout change. Emilio Huertas, lui-même, change… d'apoderado. Trois cent soixante-cinq jours plus tard, pour ne rien oublier de la grandeur de son passé taurin, en lieu et plaza de toros d'une novillada la féria de Collioure 2012 s'est offert une course de rue toujours aussi colorée, mais hémoglobinement édulcorée et politiquement corrigée… Pathétique !
— Oh ! que c'est joli… un enterrement de première classe !
Trois cent soixante-cinq jours plus tard, tous ceux qui ont trouvé une place près de la gare, à l'emplacement des anciennes arènes, sont les triomphateurs de la féria de Collioure 2012. Certes, ils n'ont pas remporté l'obsolète « Trophée de l'anchois » déchu. Tout s'aménage, tout change. Mais résolument transportés dans l'univers symbolique du XXIe siècle, ils ont reçu la consécration… Le prix du parcmètre. Olé !

 Les arènes portatives et fixes de la gare — Collioure, 7 mars 2012 — JotaC

Pour mémoire, cette photo a été prise le 7 mars 2012. Le soir même, le conseil municipal entérinait la démolition des arènes. Deux mois plus tard, il n'en restait plus rien. « Visca la Catalunya taurina ! » qu'ils disaient.

Il n'y a plus que Millas et Céret…