La
photo est un mensonge. Un mensonge par omission parce que l’autour n’existe
plus, parce que le temps ne compte plus, parce que le lieu pourrait être ailleurs.
Joaquim Isidro dos Santos, mayoral de
la ganadería de Palha, salue du coin
d’un burladero de la charmante et
chantante plaza de toros d’Azpeitia.
L’arrastre grelin grelot achève d’emporter la dépouille de 'Camarito' ;
Alberto Aguilar vient de passer devant le conocedor
de Palha et l’a invité à saluer. La photo ne raconte pas tout cela. 'Camarito' est le cinquième Palha de l’après-midi, pas le sixième. Attend dans les chiqueros 'Santanero', un Palha-Palha
compliqué, bagarreur et lutteur. Joaquim dos Santos n’a pas attendu qu’entre en
piste 'Santanero'. Il a salué, certes invité, dès le cinquième. La photo ne dit
pas tout cela. Elle suggère seulement que 'Camarito' ne fut pas l’unique bon
numéro d’un lot de Palha encasté et particulièrement adapté à des troisièmes
tiers de bon aloi. Avant 'Camarito', 'Asustado' a offert à Ureña un triomphe rare
et exagéré (deux oreilles), 'Joalheiro' a emmerdé un Aguilar accrocheur mais brouillon et 'Peluquero' (4°) a donné de Ferrera une bien piètre image de torero, de matador (catastrophique
et surtout tricheur) et de lidiador. Alors Joaquim dos Santos a salué dès avant
que ne surgisse 'Santanero', et le public a applaudi Joaquim dos Santos parce que
le public était content. Il avait vu des passes, beaucoup de passes, inutiles ;
il avait pu entendre la musique de fête (superbe No te vayas de Navarra au
cinquième) ; il avait eu droit à la vuelta
inconsidérée d’'Asustado' (certains demandèrent l’indulto) et le vent soulageait même le picotement d’un soleil au
zénith. Le bon peuple était content ; il saluait le mayoral, fêtait les oreilles et n’hurlait plus à la vue des
pantomimes de tiers de piques, ravageurs et saigneurs, habituels et rituels
dans la corrida d’aujourd’hui. J’ai lu qu’Azpeitia ressemblait à ces rares
plazas françaises où le toro est un roi, où les piques sont données avec
raison, bon sens et qualité. Les écrits mentent aussi, comme les photos, comme
cette photo.
01 août 2012
La photo est un mensonge
Libellés :
Alberto Aguilar,
Antonio Ferrera,
Azpeitia,
Laurent Larrieu,
Paco Ureña,
Palha,
Photographie(s)