01 août 2012

Azpeitia, un 30 juillet


Toro du fer D. José Escolar Gil — JotaC

Corrida de D. José Escolar Gil à Azpeitia (Guipúzcoa), le 30 juillet 2012.

Il existe peu d’arènes qui permettent de boire une bière DANS la taquilla, qui fait aussi musée et salon de réception avec mini-bar attenant et public. Un endroit charmant Azpeitia, un public agréable, de la musique locale et, pour le cadre, il faut choisir le tendido soleil qui permet un coup d’œil sur les verts pâturages de la montagne proche. 

Mais aussi les toros de José Pedro Prados ‘El Fundi’, qui finira par bien par administrer l’héritage de son épouse, fille de qui vous savez. Je suis en plein Dallas sur Gredos, revenons aux ruedos.

Sánchez Vara ouvre les hostilités, hélas le toro aussi. Fin, léger, corniabierto, manso, douteux, vil, fourbe, pervers sur les deux cornes, pas gentil, querencioso, salopard du genre qui gagne à ne pas être connu de près et de loin. Il reçoit deux puyazos durs et aurait mérité en plus un coup de bazooka, puis expédie le peón El Javi à l’infirmerie et récidive plus tard sur l’espada qui y laisse son falsard. Sans que l'on puisse parler de déculottage, l’épisode final est poignant voire catastrophique. Son deuxième toro est présenté « très comme il faut », tout comme le sera S. V. aux banderilles. Côté pique : une carioca imméritée et une puya. Côté cœur : un toro sérieux et bravito qui n’arrive pas à s’enthousiasmer dans les muletazos isolés qui lui sont proposés. Une lame convenable.

Serafín Marín, grand, costaud, Catalan, entreprend le second, léger, corniabierto y reparado de los pitones. Une carioca injustifiée au bravito qui me semble clair dans la muleta mais, après tout, je ne suis pas torero et vous n’êtes pas obligé de me croire. Serafín — c’est le grade le moins élevé avec les chérubins dans la hiérarchie des anges qui sont dans le ciel —, Serafín donc, d’avantage en attitude qu’en plénitude n’atteint pas les sommets avec ses petites ailes. Une lame potable. Copier-coller à son second, léger, etc., pas bien costaud le pauvre et dont la relative « bravitude » sera récompensée de trois puyas qui ne vont pas le revigorer. Serafín trouve enfin l’occasion de lier trois muletazos à deux reprises sur les deux cornes. Pendant ce temps, sur les tendidos, on se refait une beauté, on sifflote, on fume, mon voisin envoie des textos, deux Montois arrosent un indulto. Bref, rien de consistant. Une lame… confortable.

« Esaú Fernández ?!… Je vous parle, Esaú !… Vos parents sont inquiets, Esaú, et l'on ne sait pas si l'on va pouvoir vous garder ici. Passe pour votre premier Escolar, qui est léger et corniabierto, bravito mais tardo. Pourquoi ce long puyazo trasero, Esaú ?… Esaú, je vous parle ! Vous avez fait illusion, mon garçon… au cours des deux semestres. Or, le deuxième Escolar était un beau brave gaillard, puissant sur deux gros puyazos, secouant un peón. Vous n’avez jamais trouvé le sitio, puis vous démissionnâtes. Esaú, sortez de ce bureau ! »

Mario Tisné